23h25. J’avais donné rendez-vous à Tyler ici, je devais chanter jusqu’à minuit, mais j’avais plusieurs pauses entre les chansons, laissant le temps aux gens de boire leurs verres tranquillement. Je l’avais rencontré sur la plage, il venait de laisser sa canette tomber dans les grains de sable et je l’avais ramassé pour lui tirer en plein visage. J’étais comme ça, ça me rendait malade, ça ne prenait que quelques petites secondes jetées une foutue bouteille dans l’endroit conçu exactement pour cela. Je lui avais un peu crié dessus, je m’étais laissée, un peu emporté et je ne tenais pas ma langue dans ce genre de moment, mais pas très grave. J’avais envie de jeter ma colère sur lui, pour tous les abrutis qui faisaient la même chose. Ça avait un peu mal fini, nous nous étions crié dessus alors que nous ne nous connaissions même pas, mais je n’en avais rien à faire, je lui en voulais de polluer la terre sans aucune conscience de ce qu’il était en train de faire. Nous nous étions recroisés quelques fois ensuite, c’était tendu, mais nous avons fini par nous entendre. Étant donné que je traîne souvent dans les bars pour chanter, je le voyais souvent et nous avons fini par parler normalement. Je ne luis présentait pas d’excuse parce que je pensais encore la même chose, mais une complicité à fini par naître entre nous. Ce ne fut pas facile, ce ne fut pas rapide, mais c’est pour ça que ce soir je lui avais dit de venir me rejoindre. Je l’appréciais pour ce qu’il était, même s’il se comportait parfois comme un con. Je me doutais qu’il avait des maux que je ne connaissais pas et d’une certaine façon je voulais l’aider, j’étais comme ça, une bonne âme charitable. D'ailleurs, il me traitait parfois de coincés, mais ça me faisait rire, j’étais ce que j’étais, simplement. Une grande passionnée.

J’étais sur la petite scène qui surplombait la salle, je laissais ma voix rauque tonner dans le micro et les gens prenaient un verre tout en m’écoutant. Je chantais depuis un bon moment, prenant des pauses de temps à autre. Le pied de micro était posé devant moi alors que je laissais le son jazz de la musique me parvenir aux tympans, je sentais mon corps suivre le rythme de la musique alors que les paroles sortaient de ma bouche. Ce ne fut pas très long avant que je ne voie la porte se pousser et que je le vois pointer le bout de son nez. J’étais derrière mon pied de micro, mais je posais mes yeux sur lui. La musique, lente et même sensuelle résonnait dans la salle alors que je laissais mon corps suivre le rythme. Je portais un simple jeans pâle moulant les fines courbes de mon corps, un chandail noir ouvert quelque peu sur ma poitrine. Des bijoux pour accentuer le tous, des bracelets qui tintaient aux mouvements de mes bras. Mes cheveux blonds tombaient le long de mon dos, une légère touche de maquillage, mais sans plus. Je n’étais pas non plus une carte de mode, mais je savais me mettre en valeur. Je laissais mes iris pâles se poser sur le jeune homme, je pouvais le reconnaître, il avait un look spécial et ce look me plaisait bien. Il avait des tatouages, je n’en avais pas, mais j’avais toujours adoré cela. La chanson était simplement à la moitié, je le laissais prendre place à une table et je lui affichais un bref sourire alors que je retournais dans mon monde, celui de la musique. Je retournais dans rythme lent, laissant mes doigts glisser le long du pied de micro alors que lentement la musique tirait à sa fin, j’avais laissé mon regard sur lui alors que je chantais. La musique se taisait en même temps que ma voix, il y avait quelque applaudissement et je quittais la scène dans un sourire pour me diriger vers lui.

Je prenais place sur la chaise à ses côtés, en faisait signe au serveur pur qu’il me fasse venir un verre d’eau. Je ne buvais pas souvent, en fait je ne me souviens pas la dernière fois ou j’avais été ivre, mais je ne pense pas que c’était dernièrement. Je n’avais simplement pas le temps de le faire, j’étais tellement occupée et je devais me lever à des heures tellement matinales que je n’avais pas le temps de boire ou de prendre du bon temps. D’ailleurs demain, je devais me lever vers six heures, mais heureusement je n’avais pas besoin de beaucoup de sommeil. Je posais donc mon regard sur lui alors que le serveur m’apportait mon verre d’eau et prenait sa commande par la même occasion.

« -Tyler. Ça fait longtemps qu’on ne s’était pas vu, j’ai encore deux chansons à faire et après j’ai fini. Je serai tout à toi.»

J’étais toujours de cette humeur, de bonne humeur, parfois un peu trop, j’étais rarement d’humeur dépressive ou mauvaise. Un peu le contraire de lui qui était parfois franchement un peu rabat-joie, mais ce ne me dérangeais pas vraiment. Je prenais une gorgée de verre d’eau en glissant une main dans mes cheveux. Je ne sais pas il était de quelle humeur ce soir, mais j’étais contente de le voir, je l’aimais bien.

Dans l'appartement, j'enfile ma veste en cuir sur mon t-shirt noir et adresse un signe bref de la tête à ma colocataire avant de m'expulser hors de l'habitacle sans un mot. J'ai pas pour habitude de donner des explications sur mes faits et gestes et puis je pense que ma coloc en a rien à foutre de toute façon. Je marche tranquillement vers le bar où je dois retrouver éventuellement Liberty, la gueuleuse qui parfois chante, comble de l'ironie hein ? Je l'ai rencontré sur la plage, j'ai eu le malheur de laisser ma cannette sur le sable et mademoiselle m'a engueulé comme du poisson pourri, comme si ma cannette à elle-seule avait été l'investigatrice de la fin du monde, que si la terre était pourrie c'était de ma faute. Une vraie hystéro que j'ai vite fait d'envoyer bouler. Y'a des rencontres comme ça que tu comprends pas et d'ailleurs faut pas essayer de comprendre quand tu vois le type de personnes que tu as en face de toi. Au fur et à mesure qu'on se croisait, on est devenu plus civilisé si je puis dire, m'évertuant à la taquiner et surtout lui faire connaître les joies de la gueule de bois. C'est assez drôle une fois qu'elle a un coup dans le pif, la coincée qui se lâche un peu limite. Ca me fait passer le temps. Prochaine étape, je lui ferait goûter les joies du planage à renfort de joints, ça devrait être pas mal rigolo à voir. A quelques mètres du bar, j'entends déjà des effluves de la voix rauque et grave de Liberty qui s'élèvent dans les airs, finalement, je pénètre l'endroit. La scène est éclairée et Liberty juste au milieu qui chante et chante. Sa beauté se révèle surtout quand elle est sur scène et qu'elle chante, j'ai jamais vraiment apprécié les blondes vénitiennes mais bon c'est pas vraiment ça qui compte. Elle, je lui trouve un petit quelque chose, unique, elle a peut-être sûrement toucher mon oreille musicale, j'en sais rien, je m'en fous. J'écoute attentivement sans en donner l'air les paroles qu'elle chantonne tout en fumant une cigarette tranquillement, attablé sur une table dans un coin, je répond à son léger sourire par un hochement de tête bref, gardant un lien occulaire avec elle, quasi presque comme si j'étais le seul dans le public, assez drôle en y pensant. Enfin, elle s'arrête et pendant des applaudissement retentissent, j'écrase ma cigarette dans le cendrier près de moi avant de faire claquer mes mains avec un sourire narquois sur les lèvres. Elle commande un verre d'eau après m'avoir rejoins, je ne peux m'empêcher de rire doucement, petite prude va ! Je commande un verre de whisky sur glace et me tourne vers elle. Devant sa bonne humeur indécrottable, je répond rien si ce n'est un vague sourire devant une attitude que je ne comprend pas. Liberty est comme ça, souvent, voir toujours avec le sourire, ça m'intrigue comme ça me gave, je ne vois pas en quoi on peut être heureux d'être ici, sur terre, d'avoir cette condition d'être humain, vivre c'est devenu merdique. « Ouais j'avoue, ça fait un bail … d'ailleurs de très bonnes vacances qui m'ont fait du bien. » Je rigole , moqueur, avant de prendre mon verre de Whisky que le serveur nous dépose avec son verre d'eau. « Oh non ! Encore deux chansons à supporter, je sais pas si mes tympans tiendront ! » Je lâche taquin avant de boire une gorgée de mon verre la regardant plonger sa main dans sa chevelure. Je repose mon verre et le pousse vers elle « Tu devrais prendre une gorgée avant de partir sur scène, ça te ferait du bien, je t'assure » Je lui dis avec un air de défi, un sourire étirant mes lèvres, j'aime bien la faire boire, c'est toujours drôle et puis une gorgée c'est rien non ? « Ca te donnera plus de pep's tu verras. » J'ajoute tranquillement en agitant le verre vers elle. Le jeu commence, les paris sont lancés, comment se finira la soirée ? Sûrement pas beau à voir je pense.

Ce ne fut pas très long avant que je ne voie le jeune homme pointer le bout de son nez, il était facile à reconnaître. Il avait cet air nonchalant qui m’agaçait et qui m’amusait en même temps, il manquait parfois un peu d’énergie j’avais envie de le secouer dans tous les sens. C’est comme si tout était une montagne pour lui, tout semblait tellement pénible, je me demandais comment il faisait pour vivre de la sorte. C’était tout le contraire pour moi, j’étais toujours de bonne humeur, mais j’étais capable de me montrer très sérieuse quand j’avais besoin de le faire. Quand je chantais, je devenais une autre personne, je laissais la musique guider mes gestes et le jazz était soit rythmé ou lent et modéré. Ce ne fut pas très long avant que la musique se termine, j’entendais les gens m’applaudir et j’affichais sourire. J’aimais entendre la satisfaction des gens et je pouvais entendre quelque bravo quand je me rendais à la table où se trouvait Tyler. Si je me faisais à notre première rencontre, je ne pensais pas m’entendre aussi bien avec lui, enfin. M’entendre tout simplement avec lui, il était simplement le contraire de moi, mon opposé. Plus j’y pensais, plus je nous ne trouvais rien en commun, c’est à se demander ce qu’il faisait à cette table ce soir avec moi. Je poussais donc ma chaise pour prendre place devant lui alors que mon regard bleu se portait dans le sien. Un sourire prenait place sur mes lèvres, il me faisait rire à toujours me pousser à bout, ou plutôt à tenter de me pousser à bout. Je prenais mon verre d’eau faisant tourner l’eau dans le verre pendant un moment, je faisais tinter les glaçons sur les parois.

« -Ne dis pas n’importe quoi. Je t’ai manqué sinon tu ne serais pas là ce soir.»

Un sourire moqueur se posait sur mes lèvres alors que je prenais une nouvelle gorgée de mon verre. Tyler tentait de me faire boire, je l’avais fait quelquefois. Je ne sais pas ce qu’il tentait de se prouver en faisant ça ou ce qu’il tentait de faire, c’était une bonne question. Je jetais un regard rapide sur son verre avant de relever mon regard dans le sien. Je me doutais qu’il allait me demander de prendre autre chose que de l’eau, mais l’alcool ce n’est pas bon pour la voix, en plus je devais me lever à six heures du matin. J’avais un tas de choses à faire. Un rire de ma part alors que je haussais simplement les épaules.

« -Je sais que tu aimes ça, j’ai touché ton petit cœur avec mes chansons. Cesse donc te faire ton rustre.»

Je ris une nouvelle fois de plus avant de me lever de ma chaise, il fallait que je retourne finir les deux chansons et ensuite j’aurais fini je pourrais lui accorder ma soirée. J’étais debout alors qu’il poussait son verre vers moi, je poussais un soupire en faisait quelque pas vers lui je prenais le verre entre ma main droite. Un sourire amusé se posait sur mes lèvres alors que je levais le verre avant de le boire en entier et de le reposer tout juste devant lui dans un claquement contre la table. L’alcool venait me brûler la gorge pendant un instant, je ne buvais surement pas autant que lui mais ce n’était quand même pas le premier verre que je prenais, juste que je ne me prenais que très rarement des cuites. Je me penchais vers lui, le verre toujours dans la main, il allait devoir s’en commander un autre. J’étais un peu près de lui, mais cette proximité dura le temps que je lui dise ces quelques mots. Je le défiais un peu du regard alors que je m’étais tout juste placé à sa hauteur, mon visage en face du sien.

« -Voilà monsieur, j’espère que tu es content maintenant. Je retourne sur scène et je reviens te voir.»

Souffle perdu sur ses lèvres le temps de quelques secondes et je me levais rapidement pour me retrouver sur la scène, les projecteurs venant faire briller ma chevelure blonde et mes yeux pâles. Je faisais signe au musicien de commencer la musique alors que je m’approchais du micro, la musique était un peu plus rythmée, moins lente et je laissais mon corps suivre le rythme dans des mouvements fluide et gracieux. Ce ne fut pas très long, le temps de deux petites chansons, deux assez rythmé alors que je laissais ma voix grondée en envahir la salle une fois de plus. Une fois faite je remerciais les musiciens et le public, puis je me retirais d’un air enjoué je venais tout juste me reposer devant lui.

« -Merci pour le verre de whisky soit dit en passant.»

Je le provoquais, il m’avait offert une gorgée, j’avais tout pris son verre. Ce n’est pas avec un verre que j’allais monter sur mes grands chevaux quand même. Je prenais mon verre d’eau pour prendre une nouvelle gorgée parce que là, j’avais un peu la gorge sèche à force de chanter, heureusement que je venais tout juste de finir. J’avais maintenant la soirée devant moi, quoiqu’il était déjà tard et je devais me lever tôt demain matin, mais pour l’instant, ce n’est pas ce qui m’importait.

La quiétude de mon appartement heurté ci et là des petits bruits que fait ma coloc a quelque chose de rassurant, je suis bien chez moi, dans ma piaule, tranquille avec rien autour de moi et certainement pas ces fourmis pathétiques qu'on ose appeler l'être humain. Mais par moment, mon côté casanier se révolte et disparaît au fur et à mesure que les quatre murs de ma chambre semblent m'étouffer, me prendre à la gorge et avec cela, son souvenir qui me hante et me ronge aussi rapidement que l'acide sur un morceau de chair. Alors je prend la tangente, je fuis, je me tire, je me casse, aussi loin que je peux et je trouve asile dans n'importe quel endroit que je peux trouver. Seulement, la garce, elle est forte, elle me retrouve à chaque fois et ne me quitte pas d'une semelle, c'est ça, sa putain de magie. Esperanza. Prénom doux. L'espoir. Connerie. Que de la merde en cercueil. Un an que je me traîne la carcasse dans les parages avec le fardeau du deuil sur la gueule comme un masque, une carapace qui fait office de rempart entre moi et le reste des gens comme moi. J'ai cessé de me demander le pourquoi des choses, de chercher explication à ce monde qui m'entoure alors je suis ici à rejoindre cette plus ou moins inconnue rencontrée sur une plage dans des circonstances les plus ironiquement drôle. J'en sais rien d'où tout cela mènera surtout que c'est comme le jour et la nuit, Blondie et moi. Mais y'a quelque chose qui fait que je viens tout de même, je sais pas d'où ça vient et je cherche pas non plus à comprendre, à savoir, je suis le mouvement et puis c'est tout. J'ai après tout rien à perdre, j'ai déjà tout perdu. Le temps semble juste paraître moins lent et moins chiant à voir passer avec elle, m'évertuant à lui lancer ci et là des piques qui m'amusent et parfois rien que moi. Elle en a des pas mal aussi qui m'arrache des ricanements comme celui qu'elle vient de sortir tout bêtement.

« Des deux, je pense que c'est toi qui dit le plus n'importe quoi » Je dis répondant à son sourire moqueur. J'aime bien son répondant, il me fait bien rire, ça fait une partenaire à la hauteur, c'est plus marrant. Je continue à consumer ma clope qui bientôt arrive à la fin de sa vie, j'écoute son rire s'écouler dans la salle, il est presque musicale comme sa voix quand elle chante. J'ai presque envie de joindre mon rire au sien mais décidément, ça sort pas, je suis devenu handicapé socialement, c'est fou. « Quel coeur ? ... T'es mignonne tu crois encore aux bisounours et compagnie ! » Je répond avec mon air malin, mi sérieux, mi déconneur. C'est après tout pas faux non ? Quel coeur ... Se levant, ma tentative de la retenir un instant semble marcher et je gagne un peu de son attention. Je ne m'avoue pour autant pas vainqueur quand elle se saisit du verre que je lui tend. Elle serait bien capable de me feinter ou bien de me le renverser sur la tête, connaissant son style. J'émets un sifflement admiratif quand je la vois descendre mon verre d'une traite, c'est bien plus que je ne l'espérais. L'élève va-t-il surpasser le maître ? Qui sait ? Je réagis pas non plus quand son visage s'approche du mien avec une dangereuse proximité. Pour moi, ça fait tellement un bail qu'une fille n'est pas autant approché de moi, je ne leur laisse pas le temps généralement, je les fuis, comme la peste, tout proximité devient une agression. Les femmes ont ce pouvoir malsain d'avoir la force de vous dévaster en un rien de temps mais je ne sais pas, elle, je laisse glisser, je ne recule pas, au contraire. Un sourire charmeur étire mes traits alors que je m'approche afin de renforcer cette proximité de plus en plus rapprochée, nos lèvres se retrouvant à quelque centimètres de distance « Je vois qu'on se surpasse ce soir. Satisfait de l'élève effectivement, allez vires avant de me vider tous mes verres » Je laisse glisser sur le même ton qu'elle avant qu'elle m'abandonne temporairement pour retrouver la scène. Je fais signe au serveur qui passe, il s'arrête près de moi, je demande un deuxième verre en lui disant de le mettre sur l'ardoise de la chanteuse. Ce n'est que de bonne guerre. Elle envoûte le public le temps de deux chansons me contentant de la regarder s'égosiller, mon pied battant la mesure sous la table puis elle quitte son pied d'estale alors que je siffle mon deuxième verre.

« Je t'en prie ... je te l'offre. Au faite, merci aussi pour le verre » Fais-je un sourire au coin des lèvres alors que je lève mon verre vide à sa santé puis pour faire signe au serveur de m'en apporter deux autres pareil. Alors que le serveur nous dépose ma commande, je réinitialise mon manège « C'est pour Blondie encore » Le serveur acquiesce et s'en va. « Qu'est ce que tu nous fais là ? » Je prend le verre d'eau posé à ses lèvres et le lui retire, le remplaçant par un verre de Whisky « Pour te désaltérer, c'est bien mieux. Alors cul sec ? » Je la défis du regard, éteint ma clope allumée y'a à peine quelque seconde dans son verre d'eau et porte le deuxième verre de Whisky à mes lèvres, l'invitant à faire de même « A ta voix de casserole, Blondie » Je dis en lui faisant un clin d'oeil puis je vide mon verre d'une traite. J'aime la taquiner sur sa voix mais c'est bien que des conneries, parce que sa voix je l'aime bien, plus que quand elle me gueule dessus c'est sûr. Elle a un timbre qu'on en entend rarement, celle qui peut faire vibrer l'âme mais bon moi, j'en ai plus. Elle pourrait faire une bonne carrière et parfois, j'ai envie en silence, d'accompagner sa voix avec ma guitare mais je sais plus jouer pour quelqu'un, avec quelqu'un. Pourtant je le voudrais bien...

Je n’arrivais pas toujours à cerner Tyler, nous étions tellement fondamentalement différents que je ne comprenais pas toujours ses agissements. J’étais le genre de personne à vouloir provoquer des sourires chez les autres, j’aimais quand les gens étaient bien et contents. Avec lui, ça n’avait rien de toujours facile. Il n’était pas léger pas j’arrivais parfois à lui retirer quelques sourires narquois. J’aurais aimé qu’ils soient empreints de plus de sincérité, mais on ne pouvait pas tout avoir. Un sourire, valait mieux que rien du tout. J’espérais qu’il y ait du bon en lui, en fait je le pensais. Il y a du bon en tout le monde, peu importe à quel point il est caché. J’étais contente qu’il soit venu ce soir, cela prouvait d’une certaine façon qu’il aimait pas compagnie même s’il tentait de me convaincre du contraire. Un haussement d’épaule de ma part alors qu’il me répondait, ça me faisait rire à quel point il retournait toutes mes questions contre moi. Je n’avais pas besoin qu’il confirme que j’avais raison, je m’en doutais, il faisait actes de présence et c’était déjà bien assez pour me convaincre. Sa grande flemme du monde ne m’atteignait pas, c’est rare que je me laissais atteindre par les sentiments des autres, je tentais plutôt de faire le contraire. J’aimais changer les choses, j’étais fondamentalement comme ça et j’avais un besoin particulier de faire avancer les choses. Que ce soit la vie en tant que telle ou faire réaliser des choses aux gens, j’étais douée pour cela. Un sourire narquois prenait place sur mes lèvres à sa réponse. « -Si tu n’avais pas de cœur, tu ne serais pas en vie. Ça prouve que tu en as un.» J’avais adopté une voix moqueuse. Je suis certaine qu’il était possible de faire battre ce cœur poussiéreux. Je ne savais pas comment, mais il y avait une solution pour tous les problèmes. Il était temps que j’en finisse avec ces chansons, j’en avais assez de me donne en spectacle, puis j’avais bien envie de me moquer un peu de lui. C’était toujours comme ça entre nous, étrange jeu qui avait pris place avec le temps. Je fis une bouchée de son verre avant de venir glisser quelque mot tout juste devant son visage. À cette distance, je pouvais me rendre compte que Tyler était pas mal. J’aimais bien son genre, je n’étais pas du genre en fantasmer sur les acteurs musclés aux stéroïdes. Il approchait un peu son visage du mieux, jouant au même jeu que moi, me défiant du regard. Je pouvais presque sentir son souffle se perdre sur mes lèvres et dans un sourire amusé, je partais aussi vite que je m’étais approchée. « -Tu n’as qu’à ne pas me les proposer.»

Je le quittais le temps de deux chansons, un court moment, un moment qui passait rapidement alors que je me retrouvais rapidement assise su la chaise devant lui. Je posais mon regarde sur son verre, je ne payais pas les consommations quand je travaillais dans un bar, elles étaient toujours offertes pas la maison, mais il ne fallait quand même pas que j’abuse. Il était rare que je buvais et mes employeurs le savaient. En fait, je ne buvais pratiquement jamais sauf ce soir, mais je ne comptais pas prendre des tonnes de verres puisque je devais me lever tôt. D’ailleurs, je n’allais pas non plus devoir m’attarder ici jusqu’à des heures trop matinales parce que j’allais en payer le prix demain matin. Un rire furtif de ma part avant que je ne hausse les épaules. « -Ne bois pas trop parce que ça risque de me couter une petite fortune.» Le serveur revenait donc avec deux verres, je posais mon regard sur la commande avant de reposer mon regard dans le sien. Il avait visiblement envie de me faire boire un peu plus, décision surement peu sage de sa part et de la mienne. Je laissais donc le verre de côté pour prendre le mien, mon verre d’eau, mais cela ne semblait pas plaire à Tyler. Ce qui eut le don de m’arracher un sourire, il me retirait mon verre des mains pour me le remplacer par un verre de whisky. Il venait foutre sa cigarette dans mon verre d’eau et je ne pouvais empêcher une grimace de prendre place sur mon visage, elle était imbuvable maintenant et je me doutais qu’il allait recommencer son manège à chaque fois que j’allais me commander de l’eau. « -Qu’est-ce qu’il y a? Tu as décidé que je ne pouvais pas boire d’eau ce soir? Je ne suis pas obligée de devenir une alcoolo comme toi quand même.» Moquerie de ma part alors que je laissais mon regard glissé sur mon verre. Je pouvais bien prendre un verre de plus, ce n’est surement pas cela qui allait me mettre à l’envers de toute façon. « -À ta mauvaise influence sur moi. La prochaine fois, je ne vais pas me laisser faire aussi facilement et en plus je dois me lever tôt demain matin.» Je faisais tinter mon verre contre le sien et je buvais mon verre d’un coup. L’alcool venait me bruler la gorge une fois de plus, je la sentais descendre le long de mon corps. Je n’étais pas une admiratrice d’alcool fort, je ne buvais que très rarement et en plus il me faisait boire des cul sec. Il ne fallait pas que je continue sur cette voie parce que je sentais que ça allait mal se terminer et que demain j’allais avoir un mal de tête pas possible. « -Je ne bois presque jamais et toi tu me faire boire du Whisky? T’exagères un peu non? Puis en plus, je ne vois pas pourquoi je t’écoute d’ailleurs, je ne bois pas habituellement.» Je marquais une pause avant de continuer. « -Ca m’apporte quoi de t’écouter? Tu vas te mettre au recyclage en échange?» Je marquais une pause avant d’afficher un sourire amusé. « -Je sais. Pour chaque verre que tu me fais boire, tu devras ramasser un déchet quand tu en croises un qui traîne dans la rue, si tu ne le fais pas, je ne bois plus rien de la soirée et on est déjà à deux verres.» Il me faisait boire, il fallait bien que j’obtienne quelque chose en échange, puis je trouvais ça plutôt marrant comme contrat. Je ne savais pas s’il allait le faire, mais peu importe.

Face à ces propos, je ne pouvais m'empêcher de me dire que cette fille était bien un sacré numéro, aucune n'avait d'ailleurs osé me parler ainsi, avec une telle assurance sur mon compte. C'était une part assez comique mais d'un autre assez dérangeant, comme si elle pensait que de moi, elle pouvait en tirer quelque chose de bon, de bien. Elle se heurtera à un mur, de moi, on ne peut plus rien soutirer, ni avoir. Ils m'ont tout pris ou volé, on joue avec les mots, comme elle d'ailleurs à parler de mon coeur. Il est réduit à néant et le coeur, physiquement parlant, oui il bat encore, sinon je ne serais pas là. Ce n'est que jouer sur les mots et les termes. Je ne réponds rien à sa remarque et laisse glisser. Le silence c'est bien parfois. Les gens l'interprète à leurs manière, je laisse glisser, les gens peuvent interpréter ce qu'ils veulent de moi, ça m'est égale. Qu'ils pensent que je suis un con fini, un salaud, un sale gosse de riche, un pauvre ignare, peu m'importe. Je n'ai de compte à personne, encore moins à mon père et plus à ce fantôme qui me sert de fiancée. Ouais, plus rien n'a d'importance pour moi, la vie ça va, ça vient, c'est qu'un flot dans lequel je me balance sans donner de raison, de pourquoi, de but. J'appelle même pas ça vivre mais bon, ne jouons pas sur les mots. Ma compagne nocturne en face de moi, je roule les yeux et les plante dans le bleu océan des siens « Je vais essayer, cependant, je ne fais qu'apprécier ta grande générosité et bonté. » J'articule alors que sur son doux visage apparaît un rictus, réponse à ma clope éteinte dans son verre de flotte. « Non pas de flotte pour toi ce soir. T'en fais pas, tu es sur la bonne voie pour » Un sourire de ma part alors qu'elle fait tinter son verre contre le mien et le vide aussi rapidement que moi. Moi ? Avoir une mauvaise influence sur elle ? Possible. C'est ce qui est amusant. Si ça sera pas facile la prochaine fois, j'attends de voir, pour le moment, il a plutôt bien suivit, comme un mouton suit le loup déguisé en mouton. « On verra pour la prochaine fois. Ah ? On doit se lever tôt demain matin ? Que le réveil sera drôle j'en suis sûr ! » Face à l'expression de son visage quand le liquide brunâtre glisse le long de sa gorge me fait direct penser qu'elle ne doit pas en boire souvent de l'alcool fort. Ca me fait sourire. Je suis vraiment une mauvaise influence pour elle, pauvre Blondie. Je me saisis de son verre vide et le lève à l'intention du serveur, encore une autre tournée. J'écoute attentivement ce qu'elle dit, évitant de trop m'attarder sur ces lèvres qui bougent et qui ont quelque chose de sensuelle je dois dire. Elle me confirme ce que je pensais, elle boit rarement d'alcool si ce n'est jamais. Fort amusant. De plus en plus intéressant « Eh bien Blondie, on commence direct avec un bon niveau que veux-tu. C'est cela de traîner avec un expert. » Je m'approche d'elle et remet en place une mèche de sa longue chevelure derrière son oreille en prenant soin d'effleurer celle-ci « Peut-être parce que j'suis persuasif ou bien tu es influençable et faible face à un brun » Le serveur arrive et pose nos verres me forçant à reprendre place dans mon siège avec regret. « Qu'est ce que ça va t'apporter ? Eh bien déjà d'avoir une bonne descente, de tenir l'alcool et de jouir de ma divine présence. » Je dis ironiquement en ouvrant les bras comme si c'était une évidence. « Figures-toi que je trie chez moi maintenant ! Bon... certes poussé par ma coloc mais je trie ! Alors tu peux bien te bourrer la tranche avec moi. » Je dis avec un petit sourire comme pour justifier les verres que nous allons vider dans la soirée. J'hausse un sourcil à son petit défi et ne peut m'empêcher d'avoir un rictus « Je veux bien trier mais ramasser les déchets des autres, c'est pas mon job. Y'a des éboueurs pour cela. » Je saisis mon paquets de clope et en fout une entre mes lèvres avant de l'allumer rapidement, soufflant une nuage de fumée au-dessus de nous « Toi et ta cause pour la planète. Vraiment persistante, je sais pas si je dois t'admirer ou te trouver pathétique. M'enfin bon, si ça peut te faire enfiler les verres avec moi, je veux bien relever ton défi. Je ramasse la merde des gens pour chaque verre que t'avaleras. » J'énonce avec un air de défi avant d'avaler mon verre en gage de respect de ce gage. C'est pas vraiment que je me sentes trop bien pour ramasser des ordures, c'est juste que je ne vois pas l'utilité de faire cela ? Le lendemain même, il y aura encore des ordures sur le sol, je vois pas le but de se battre continuellement pour quelque chose qui ne bouge pas ou du moins ne semble pas faire effet. Orf ! Après tout, j'ai rien à perdre à le faire, si ce n'est foutre la honte à mon père si des clichés de moi faisant l'éboueur sont publiés et puis, j'ai bien envie de saouler mon acolyte. Je pose mon verre vide devant elle et la toise « Prend ça comme mon engagement, Blondie »

Tyler pouvait se comporter parfois comme un salaud, mais ses répliques acerbes ou désagréables ne me peinaient pas le moins du monde. Disons que je n’étais pas le genre de femme à prendre les propos des gens personnellement. C’est surement pour cela que nous nous entendions bien moi et Tyler parce que surement que n’importe qui d’autre se serait déjà laissé emporter par la rage. Moi je m’amusais, ses propos me faisaient rire parce qu’il ne me peinait pas le moins du monde. Je me retrouvais devant lui ce soir, un sourire amusé sur mes lèvres alors qu’il nous commandait des verres. Je ne sais pas pourquoi il avait envie de me faire boire, surtout que je ne le faisais que très rarement et je ne savais pas pourquoi je me laissais faire. Peut-être parce que j’en avais envie. Je ne voulais quand même pas abuser parce que oui, je devais à me lever tôt, comme presque tous les jours en fait. Ma voix prenait une teinte sarcastique alors que je lui répondais. « -Je suis, je suis tellement généreuse. Il va falloir que tu me prouves que j’avais raison de me montrer aussi gentille avec toi.» Je laissais mon regard se glisser sur mon verre d’eau, je n’avais du coup plus trop envie de boire de celui-ci. « -Qu’est-ce que ça va t’apporter de me faire boire au juste? C’est un défi que tu t’ai lancé?» Un sourire moqueur prenait place sur mon minois alors que je ne le quittais pas du regard, laissant mes iris bleus observer les siens un peu plus foncer. « -Je dois me lever tous les matins alors ça ne fait pas réellement changement. Tant que je n’ai pas trop mal à la tête, je devrais m’en sortir.» Je ne buvais pas souvent et de plus, il me faisait boire de l’alcool fort. Le goût n’était pas particulièrement bon, mais je le buvais d’un trait pour ne pas devoir le faire plusieurs fois. Le goût ne me plaisait pas plus qu’il le fallait, mais au final, ça ne changeait pas grand-chose. Je me laissais avoir par lui, enfilant un deuxième verre et de plus, j’étais quelque peu fatiguée. Surement que les verres allaient sonner bien plus que je ne le pensais. « -Le niveau où demain je ne serai pas apte à me lever c’est ça? Je ne sais pas trop s’il va me plaire ce niveau.» Je ne bougeais pas alors qu’il se penchait vers moi, je sentais sa main glisser une mèche derrière mon oreille. Je sentais ses doigts effleurer ma peau pendant un instant, je me taisais un moment avant de me pencher un peu vers lui. Ma voix se transformait en un murmure que je perdais sur ses lèvres, provocation de me part alors qu’il s’était approché de moi. « -Non du tout. Je n’aime pas trop les bruns alors ne va pas t’imaginer n’importe quoi Tyler.» Le serveur revenait donc, nous empêchant de continuer notre petit jeu qui me plaisait de plus en plus. C’était peut-être l’effet des deux seuls verres que j’avais bus. Je ne buvais jamais alors il y avait beaucoup de chance que l’effet soit rapide et fort. Je me reposais dans le confort de ma chaise, appuyant mon dos contre le dossier, je gardais ce sourire amusé sur mes lèvres. « -Oh je suis choyée. Jouir de ta divine présence, c’est quelque chose que je dois prendre en considération. Puis c’est certain que je ne tiens pas bien l’alcool, je ne bois pratiquement jamais. Ce n’est pas un gris défi à relever.» Je le regardais faire son manège alors que deux verres avaient été reposés devant nous. « -Je n’y crois pas. Tu tries. C’est un miracle.» Rire de ma part alors que je venais lui jeter ce défi qui m’amusait, à voir s’il allait dire oui ou non. Pour ma part, je le faisais toujours, je ramassais les déchets que je croisais dans la rue. Si je ne faisais rien, c’est certain que ça n’allait pas changer et j’avais confiance que mes gestes allaient finir par apporter quelque chose à un moment ou un autre. « -Au moins, c’est un rêve à qui je tiens, je serais bien curieuse d’entendre le tien. Autre que de me donner une gueule de bois, je me demande bien qu’elles sont tes envies Tyler.» Il finit par accepter mon défi et prendre son verre d’un coup, il fallait bien sûr que je fasse de même. Je levais mon verre avant de le boire une fois de plus, même manège, même goût mauvais et je faisais la même grimace en ajoutant. « -C’est vraiment dégoutant, tu pourrais me faire boire autre chose quand même!» J’en étais déjà à trois verres, je ne disais pas que j’avais le tournis, mais je ressentais un peu les effets de l’alcool, je ne buvais jamais ou presque alors ce n’était pas long avant que j’en ressente les effets. Je laissais mon regard se poser sur le verre vide devant moi alors que je me penchais un peu vers la table pour m’y appuyer. Je posais mon regard dans le sien, mon sourire amusé ne quittait pas mes lèvres. Je me levais donc de ma chaise pour me diriger vers Tyler et le tirer de son siège. Je nous amenait au bar et une fois cela fait je m'appuyais sur celui-ci pour lui faire face. Je m'étais quelque peu approché de lui par la même occasion, laissant mes doigts courir sur la peau de son bras pendant un moment, la distance était encore décente entre nous mais un peu plus réduite que tout à l'heure. Il voulait jouer, j'allais jouer. « -Tu attends quoi pour nous commander autre chose?»

Ce qui est bien avec la blonde qui me sert de partenaire de beuverie ce soir c'est qu'elle semble se vexer de rien, ce qui est pour ma part, pas mal rigolo mais d'un autre côté pas mal chiant. Je comprend pas trop les gens qui semblent apprécier la vie et ces déboires, qui ne perdent pas de leurs sourires, comme s'ils étaient contents d'être là, sur terre, dans cet état pourri de condition. Très peu pour moi. Ouais pessimiste, ouais fataliste. Que cela plaise. Je m'en fous. Ouais je l'assume grandement. On m'a déjà sorti que je ressemble à un papi précoce, aigri déjà avant l'âge. Certes, certes. Quand on voit les dégâts que peuvent faire la mort, réfléchissez à deux avant de procréer. Quoique j'ai rien contre la conception qui est, faut le dire, très agréable. Enfin, là n'est pas le débat. Quoique penser à la conception de procréation en présence de Liberty est un duo pas mal à prendre en compte. Enfin bref … La présence de Liberty, je crois que j'apprécie, ouais, je crois que j'aime bien même si je suis plus certain d'avoir encore la capacité d'apprécier une chose surtout une personne. Je me sens comme anesthésié de partout, la moindre émotion ne suscite rien chez moi. Juste du néant. Du vide et puis c'est tout. Voilà comment résumer ma piètre vie : vide, néant. J'hausse les épaules nonchalamment « Je supporte ta présence sans broncher, c'est une preuve suffisante. Tu te rends pas compte que tu es VIP à ce stade » Je dis sur le même ton qu'elle use bien qu'une teinte de vérité orne mes mots. Je veux dire c'est vrai quoi. Quand on me connait bien -et c'est rare- je parle rarement aux inconnus, encore moins à la gente féminine, trop traumatisé par les souffrances qu'elles peuvent causer en un mot, un regard, un geste, un départ brute ou bien en crevant comme des connasses. Paix à ton âme. Garce. Merde. Pardon j'voulais pas le dire. Mon regard glisse vers la table un instant. Moment court de faiblesse. Allez on se souviens pas et on ferme la trappe. Je continue de pomper mon bâtonner de nicotine, l'autre clope flotte dans le verre d'eau de Liberty et ça m'amuse. Je me redresse et fais craquer ma nuque avant de me reposer, coude sur la table « Rien du tout. Juste le faite de pouvoir me payer ta tête. Et en plus, je bois avec toi. C'tout bénéf' » J'écoute son rire cristallin alors qu'elle plante son regard dans le mien. Je me noie un moment dans l'océan de ses yeux avant de reprendre pied au son de sa voix. J'émets un petit rire sarcastique à sa phrase. Qu'elle est mignonne, avec ce qu'elle a déjà bu, demain, elle aura une migraine. Pire encore si je continue sur ma lancée. Sans scrupule, je le ferais. « Mais oui. Demain tu seras fraîche comme une fleur sans gueule de bois, c'est connu. C'est l'eau qui donne la gueule de bois. » J'ironise en me marrant, me payer la tête des gens, ça j'aime. Et je suis certain que j'aime. Son deuxième verre passe et je réfléchis déjà à quoi lui offrir d'autre. J'hausse un sourcil en guise de mystère, mais si ce niveau lui plaira. Alors qu'une proximité se crée, elle s'approche davantage de moi, je sens les effluves de son parfum, ça sent la nature, la campagne. Je pose mon menton dans le creux de ma main alors que je la défie du regard. « Menteuse. Je n'imagine pas. Je ne dis que la stricte vérité » Je dis avec un aplomb avant que le serveur nous sépare. Je reprend place dans mon siège et me met à l'aise, la clope au bec « T'en fais pas. Après ton apprentissage, tu tiendras bien mieux l'alcool. Si ça se trouve, l'élève dépassera le maitre qui sait ! » C'est pas faux d'ailleurs, si la petite a une bonne descente par la suite, va falloir qu'on se fasse des concours de shooter. J'en ferais une sacré buveuse tiens, de celles qui boivent comme des trous sans fond. Je croise les bras sur mon torse et regarde un moment le plafond avant de finalement répondre d'un ton monotone « Les rêves, c'est de la merde. J'en ai pas et je suis bien sans. Mes envies ? Boire et te saouler. Assez simple en soi et réalisable. Plus accessible que dépeupler la terre de ses déchets. » Je la regarde vider une autre verre, un rictus sur les lèvres. Je pars en rigolade. A mourir de rire. « Je vais tenter de te trouver un truc moins abrasif, petite nature va ! » Alors que je laisse mon regard se balader sur le bar de bouteille en bouteille, en me demandant ce que je proposerais pour ma blonde, je me sens tiré de ma chaise. Je lève les yeux certes surpris sur Blondie qui me traîne au bar. Soit. Ca aurait été pas mieux de me le dire et je l'aurais suivi plutôt que de me traîner comme un sac à patate ? Je regarde sa main sur mon bras qui me tire. J'aime pas ce contact comme je l'aime bien. J'sais pas trop. Entre les deux. J'ai pris l'habitude de mettre en place autour de moi un cercle fermé, éviter tout contact notamment avec la gente féminine, tout effusion de quoique ce soit était prohibée. Pourtant, sa main, je la retire pas, je la repousse pas. Je laisse faire, je verrais bien. Ca me brûle un peu, ça fait combien de temps qu'à part des poings, j'ai pas eu de contact de peau avec la mienne ? Je me rappelle plus, façon avec ma mémoire de poisson. Hmm. Joueuse la Blondie. Je me penche vers elle, rendant notre proximité indécente. Nos lèvres sont tellement proches que je sens son souffle légèrement alcoolisé sur les miennes. Alors que je m'approche comme pour l'embrasser, au dernier moment, je me rétracte et tourne la tête vers le barman, un sourire aux lèvres. « Un verre de baileys pour la demoiselle et un rhum coca pour moi » Je balance au barman avant de m'accouder au comptoir et laisser flotter mon regard sur elle « Bailey c'le plus doux possible. Après c'est de l'eau. Donc fait pas ta chochotte hein ! Rend moi fier de mon apprenti » Je dis amusé bien que troublé sans le montrer dans notre précédente proximité. Trouble que je vais noyer dans le verre de rhum que le serveur pose sur le comptoir après avoir posé le verre de bailey « Vas-y goûte et si t'as envie d'y aller cul sec, à ta guise. »

Moi et Tyler n’étions pas du tout formées sur le même moule, je me demandais encore pourquoi je traînais avec lui, mais je me rendais compte que ça présence me plaisait. Je pense que ce n’est pas tout le monde qui serait prêt à passer une soirée avec le jeune homme parce que son caractère était parfois choquant voir même dérangeant, mais moi, ce ne me posais pas problème. C’est surement pour cela que je j’affichais un sourire à sa réponse. Lui endurer ma présence? Je pensais plutôt le contraire en fait. Un ton sarcastique venait se glisser dans ma voix alors que je ne le quittais pas du regard. « -C’est plutôt moi qui dois endurer ton sal caractère, mais il me plait bien alors.» Je marquais une pause avant de reprendre. « -VIP. Oh je suis presque honorée.» Je pouffais de rire. C’était du grand n’importe quoi, je ne me sentais pas mieux qu’une autre parce que j’étais avec lui. Je profitais simplement de cette soirée où je me laissais plus allez qu’à mon habitude. Je sentais que cela pouvait dégénérer et après quelques verres de bu je sentais déjà les effets sur mon corps. Je ne buvais jamais alors c’était facile de me faire boire et l’avantage c’est que ça ne coutait pas trop cher. Une moue se dessinait sur mon visage. « -Te payer ma tête. C’est pas très sympa Tyler. Je vais finir par mal le prendre, tu sais.» Il n’y avait rien de vrai dans ce que j’étais en train de lui raconter. Je laissais mon regard l’observer un moment alors que mes doigts jouaient avec mon verre vide. Depuis tout à l’heure, je ressentais une certaine attirance pour Tyler et cela me perturbait quelque peu. Nous nous rapprochions pour ensuite nous éloigner, chose que je ne faisais pas en temps normal. Surtout pas avec lui. Je ne sais pas ce qui me prenait, peut-être que l’alcool me faisait rendre compte qu’il me charmait. Contrairement à Lyle, il n’était pas coureur de jupon. Lyle avait un petit quelque chose, mais je ne voulais rien savoir. Qui a envie d’être un parmi tant d’autres? Personne. « -Moi menteuse. » Un rire. « -Je ne mens pas, mais avoue que tu aimerais être mon genre. Je suis désolée Tyler, les types dans ton genre ça ne me plait pas du tout. » Là encore, je disais un peu n'importe quoi, mais ça me faisait bien rire.

Je finis par me lever de la chaise, simplement parce que j’avais envie de me dégourdir les jambes, parce que je n’avais pas envie de rester simplement assise. J’avais toujours été une personne avec de l’énergie et passer la soirée sur une chaise n’était pas mon fort. Je l’attrapais doucement par le bras pour le tirer vers moi, laissant mes doigts glisser sur la peau de son bras jusqu’à le tirer en avant du bar. Une fois cela fait, je me tournais vers lui pour faire un pas et réduire la distance entre nous. Légère provocation, effet de l’alcool sur mes sens. Ce n’est pas le genre de chose que je ferais en temps normal, mais j’en avais envie. Il faisait aussi un pas vers moi, il était tellement près que je sentais son souffle venir se mêler au mien. J’avais cette indéniable envie de poser mes lèvres sur les siennes. Ma main était restée sur son bras, mes doigts glissant lentement le long de sa peau avant de se perdre dans le vide. Étrange sensation qui prenait place en moi. Il approchait encore pour s’éclipser. J’étais soulagée en même temps que j’étais fâchée. Tout cela était particulièrement étrange. Je me tournais vers le bar en laissant mon regard glisser sur les bouteilles. Je ne connaissais rien du tout à ce mon d’alcool et c’est pour cette raison que je le laissais commander ce qu’il avait envie de commander. Je m’approchais du bar une fois les verres posés et je prenais le mien entre mes doigts. Je sentais l’odeur pendant un moment. Odeur sucrée, quelque chose de doux. J’en avais déjà mis dans mon café en fait, ou c’était de la Tia Maria. Je ne sais plus. « -Ça sent déjà meilleur que ce que tu m’as refilé tout à l’heure. » Sourire moqueur avant que je ne trempe mes lèvres dans le liquide. Une partie de moi me disait de cesser de boire et l’autre partie de moi avait envie de découvrir cet univers qui m’était encore inconnu. « -Je ne fais jamais les choses à moitié. Tu devrais déjà le savoir non?» Je prenais donc le verre d’un coup avant de le reposer distraitement sur le comptoir. J’avais encore envie de cette étrange sensation que j’avais ressentie quelque instant plus tôt et c’est pour cette raison que je m’approchais une nouvelle fois de lui, plongeant mon regard dans le sien. « -Tu sais, c’est pas juste. Tu tiens mieux l’alcool que moi. Tu devrais prendre deux verres alors que j’en prends un. Ce serait plus égal.» Souffle perdu contre ses lèvres alors que je me recule aussi rapidement que je m’étais avancée et je faisais signe au serveur de nous apporter la même chose que ce qu’il venait de faire. Je n’allais pas attendre que Tyler commande pour moi, j’étais assez grande pour le faire toute seule. « -Tu sais, je pense que celui-là c’est le dernier parce que sinon demain je vais être morte et ce sera entièrement de ta faute.» Je le pointais du doigt avant de faire glisser son nouveau verre plein jusqu’à lui et de prendre le mien entre mes doigts. Je me sentais déjà fatigué avant de commencer à boire et avec les verres que j’avais bus en un très court moment, ça allait surement cogner fort et dans pas longtemps. Déjà que mon comportement était tout autre qu’à mon habitude.