Why is your face so familiar to me ...

Ambiance : THIS IS HOW YOU REMIND ME — NICKELBACK

Rachel & Evey

Je marchais, les mains dans les poches. Les yeux rivés sur le bout de mes converses un peu usées. J'avais tout du look d'une ado parfois. A vrai dire, je n'aimais pas vraiment la mode. Et pas par défaut. Ou parce que je ne pouvais pas le me permettre. Non je pouvais me permettre plein de choses. Bref, j'aimais en tout cas marcher. J'étais sortie justement pour ça. Je n'avais pas de voiture, je n'aimais pas les voitures, je serais le réel cliché de la femme désastreuse au volant, il faut le savoir! Je n'aimais pas les voitures. Non correction, j'ai peur des voitures. Je sais pas. Il peut se passer tellement des choses. Et puis … qu'est ce qu'elles polluent! hé oui, je suis toujours écolo, jetez moi la pierre je vous en prie! je soupirais. Encore une belle journée. J'étais décidée à me promener aujourd'hui. Mon baladeur en main et les écouteurs dans les oreilles j'écoutais de la musique. Comme toujours. Mais à vrai dire je pensais boulot. J'avais en ce moment un dossier assez épineux sur la protection de notre littoral. Un sujet qui me tient, vous vous en douterez, particulièrement à cœur. Je traînais donc des pieds, en écoutant la musique. Je tapais dans quelques cailloux sans réellement regarder autour de moi. Voilà d'ailleurs pourquoi je traversais une grande rue sans vraiment regarder. Et voilà donc un klaxon et une conductrice très remontée contre moi. Ah en effet, j'étais à quelques centimètres de sa voiture. Oh d'accord. Je haussais les épaules et continuais à traverser la route alors que les gens commencèrent à m'entourer pour savoir si j'allais bien. Je m'assis quelques instants devant une devanture. Et dis doucement « Oui oui, ça va aller. C'est rien. » je me levais pour leur prouver que ça allait, qu'ils pouvaient repartir, mais en fait ça n'allait pas alors après qu'ils soient partis je me retournais et posais mes mains sur la vitrine pour reprendre mes esprits. J'étais comme ça. Le stress et réaliser ce qui aurait pu se passer me tombait dessus après l'évènement en soit. Ce n'est qu'en reprenant mes esprits que je regardais le nom qui s'étendait sur la vitrine. Stoecker, Designer d'intérieur. Stoecker. Ce nom me disait quelque chose. Je … non. C'était pas possible. Je devais rêver. Ca ne pouvait pas être elle, c'était peut être un nom courant ici? Non? Mais je poussais la porte de la boutique quand même deux femmes étaient en pleine discussion et j'observais la jeune femme sur la gauche. Elle ressemblait trait pour trait à ma mère. Je la regardais avec de grands yeux puis tou d'un coup articulais « Ra … Rachel? » Les deux femmes en face de moi me regardaient il fallait bien les comprendre avec de grands yeux.

E v e y & R a c h e l
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Je n'avais que ce mot là à la bouche : travail. C'était ma passion et je m'étais donné beaucoup de mal à construire ce que je possédais aujourd'hui. Une fois que j'ai fini mes études ici à Gold Coast pour devenir décoratrice d'intérieur, j'ai eu l'audace de lancer ma propre entreprise. J'étais seule et ça me suffisait grandement. Faut dire que cela faisait à peine un an que j'avais ouvert la boutique. Tenant compte de mon compte en banque, ces messieurs les banquiers ont bien voulu me faire des prêts pour acheter mon premier fond de commerce. Il faut dire que depuis, j'ai réussi à renflouer les caisses. Les offres sont convenables et adaptables à tout type de bourse. Ainsi, n'importe qui peut s'accorder le plaisir d'avoir un chez soi qui lui ressemble.
Cette après-midi là, ça ne se bousculait pas au portillon. Quand j'étais à la boutique et que je n'avais pas de clients, j'en profitais pour continuer mes croquis sur mes prochaines décorations d'intérieur et je passai commande pour renouveler les collections. Je voulais que ça suive les tendances du moment et que les clients trouvent leur bonheur dès le premier coup. C'est le marché. J'essaie d'avoir ce que la concurrence ne possède pas et c'est un avantage pour capter une nouvelle clientèle.
Je profitai du calme du début d'après-midi pour remettre tout en ordre dans la petite boutique que je tenais depuis un an maintenant. J'en étais fière parce que cette réussite, je ne la devais à personne. J'y avais mis tout le temps et la volonté nécessaire pour en arriver ici et je n'ai pas eu besoin de mon père ou de ma mère pour fonder tout ça. Le travail c'était ma seule passion, sauf si on compte que j'aime beaucoup dessiner et peindre. C'était un talent inné chez moi et je l'avais exploité à sa juste valeur. J'avais fais de ce simple talent un avantage professionnel pour me lancer dans cette carrière. Ainsi je crée moi-même les peintures que de futurs clients potentiels pourraient acheter. Je ne voudrais pas me vanter mais ils plaisent assez. Il y avait ça et la photographie. J'aime beaucoup tout ce qui est artistique.
Puis, la sonnette de la porte retentit. Une jeune femme entra, fit le tour rapidement avant de venir me voir.
"Bonjour Madame !" dis-je de manière enjouée pour l'accueillir. " Que puis-je faire pour vous?". Le truc infaillible était d'être incollable et de répondre à n'importe quelle demande. Cela faisait la force de ma petite entreprise personnelle et surtout, ne jamais me départir de mon sourire. Simples techniques de marketing. " Bonjour, j'ai vu dans une annonce que vous pouviez personnaliser des pièces d'appartements et de maisons et je voudrais avoir votre avis professionnel. Mon mari et moi sommes entrain de faire quelques modifications dans notre salon et nous aurions besoin de conseil au niveau du design, pour les meubles surtout." Les clients me demandaient parfois tout et n'importe quoi mais je n'avais rien contre ça puisque le bouche à oreille et la satisfaction ramènent du monde même pour des choses futiles. Mon boulot c'est de redécorer l'intérieur et c'était dans mes cordes. Je passai derrière mon comptoir et pris un catalogue. "Est-ce que vous pouvez me décrire un peu votre pièce, c'est-à-dire couleurs, formes utilisées s'il y en a, thème si vous vous êtes inspirés de quelque chose, vos meubles, la grandeur ... " La dame me décrivit rapidement la pièce que je n'eus aucun mal à imaginer dans ma propre tête. Je lui proposais au final de passer chez elle pour choisir les bons meubles afin qu'ils s'accordent avec la nouvelle décoration. Elle accepta, je reposai le catalogue de mobiliers sur mon comptoir quand soudainement j'entendis des pneus crisser sur le bitume à l'extérieur, devant ma boutique. Ce genre d'incident n'était pas rare. Il y avait tellement de voitures et de piétons qui passaient dans cette avenue que ça traversait n'importe où mais là, la jeune femme semblait avoir échappé de peu à l'accident. Après ça, je repris donc ma conversation et la porte retentit de nouveau. C'était la jeune femme qui venait de voir sa vie défiler en une fraction de secondes. Elle bafouilla mon prénom.

- Euh.. excusez-moi, madame, demandai-je à ma cliente.

Je me dirigeai vers la nouvelle venue. Soudain, ça me parut étrange qu'elle connaisse mon nom. On se connaissait ? Cette fille ne me disait rien pourtant...

- Je peux vous aider ? demandai-je intriguée. Juste, deux minutes et je suis à vous !

Je revins vite vers ma cliente avant qu'elle ne fuit vers une autre boutique. Je conclus l'affaire rapidement et avec professionnalisme avant de me retrouver seule avec cette fille.

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Rachel & Evey

Oh my Gosh Ev' c'est quoi cette entrée en matière, t'es tombée sur la tête ou quoi!? Tu déconnes grave la je dois avouer je me sentais toute gênée. Et surtout toute idiote. Vraiment à quoi je pensais. Bon mettons ça sur le coup de l'évènement qui est arrivé il y a quelques secondes hein. Allez oui disons que c'est ça. Je soupirais et devins aussi rouge qu'une tomate. allez calme toi Evey! je hochais de la tête quand elle me demanda d'attendre un petit peu. Avec peine j'articulais « Oui, bien sûr excusez moi. » je me sentais vraiment idiote. Je la regardais retourner vers sa cliente et sentais que le rouge de mon visage devait à présent s'étendre à mes oreilles puisque je les sentis toutes rougies et chaudes. Je m'efforçais de respirer lentement et doucement afin de retrouver -le plus possible en tout cas- mon aspect normal. Je fis le tour de la pièce en regardant les photos. Elle semblait vraiment faire un bon boulot. J'aurais eu envie de faire appel à un designer un jour. Mais … vu les crises qui secouaient parfois mon foyer. J'aurais mal au cœur d'avoir passé trois jours à refaire le salon pour qu'il soit tout sali par … une assiette remplie disons … dans le meilleur des cas. Mais elle était plutôt douée je devais avouer. Vraiment c'était très joli. C'était pas plus mal. Parce que regarder ses travaux me permettaient de me calmer un petit peu. Je laissais mon regard glisser une seconde sur elle. C'est pas possible. Elle … ressemble vraiment à maman. Je soupirais pensive. Est ce que c'était possible? Je réfléchissais doucement, essayant de me souvenir de petits détails. Je revoyais ma mère me parler de sa sœur. Elles se ressemblaient tellement. Et puis … cette jeune femme lui ressemblait tellement. Non je ne rêvais pas c'était elle, enfin je ne vois pas qui ça pourrait être d'autre. Je savais bien que je connaissais ce nom de famille. Mais … j'allais le lui demander. Quand même. Je devais en avoir le cœur net. Au risque d'essuyer une … baffe peut être même. On ne sait pas comment est ce que les gens peuvent réagir après tout. Puis elle revint vers moi et je sentais mes joues rosir à nouveau. Je baissais les yeux au sol fixant le bout de mes converses. Je me sentais mal à l'aise, et surtout un peu idiote. Je levais un œil timide sur elle puis après avoir pris une grande inspiration je dis: « Je suis désolée je .. je » je me retournais pour montrer la rue, mais je n'arrivais pas à m'exprimer. « J'ai failli … je enfin je veux dire je .. » humpf et l'oscar du meilleur discours revient à … EVEY SARA COLEMAN pour sa superbe interprétation! je me raclais la gorge. « Pardon. » je reculais d'un pas, physiquement pour pouvoir le faire aussi mentalement, j'avais besoin de me calmer. Moi qui suis d'habitude plutôt bonne oratrice. « Désolée d'être intervenue ainsi. Je ne suis pas comme ça d'habitude mais … prenez moi pour une folle peut être mais … je crois que nous sommes cousines! » bon dieu personne ne voudrait être cousine avec toi dans un état pareil Evy! je pris mon sac et essayais de trouver mon porte monnaie. J'avais toujours une photo de ma mère et moi plus jeune. Et je trouvais enfin après des secondes interminables, je finis par sortir la photo. La ressemblance entre elle et la photo était frappante.

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Je n'aimais pas entendre les crissements de pneus sur l'asphalte devant la boutique. J'avais toujours peur qu'un accident arrive devant ma boutique. Ce n'était pas une très bonne publicité même si je n'y étais pour rien mais comme je suis en face, on viendrait m'interroger pour savoir si j'ai vu quelque chose de l'accident. D'ailleurs, il y a tellement de piétons dans cette rue commerçante que je n'ai jamais compris pourquoi on ne l'avait pas transformée en rue exclusivement piétonne comme dans la plupart des grande ville. Ok, faudrait changer le plan de circulation et tout mais bon si ça peut aider à sauver au moins quelques vies des fous furieux du volant qui ne voient même pas le panneau de la zone à 30 km/h... En plus de ça, ils se croient les rois de la route en ne laissant pas la priorité aux personnes à pieds lorsqu'elles veulent traverser. Faut voir les dingues que je peux croiser lorsque je vais travailler. Sa double lorsqu'il y a une ligne continue, ça se rabat en queue de poisson, bref des vrais dangers publics. Si plus d'un devait repasser son permis, ça ferait du nettoyage sur les routes. Parfois, je me demande comment ces gens ont pu décrocher le fameux petit papier qui leur autorisait à posséder un objet de mort. Sans doute les avaient-ils dans les paquets de Bonux lorsqu'ils étaient trop désespérés de le repasser pour la énième fois ?! Enfin toujours est-il que ça commençait à me déranger que ce soit devant ma boutique. Si ça continue, je vais faire une demande à la mairie de Gold Coast pour que des aménagements soient fait parce que je n'ai pas envie de perdre un client potentiel à cause d'un inconscient qui croit que la route lui appartient. Si je n'ai plus de clients, je peux mettre la clé sous la porte et là, je ne sais pas comment je le prendrais. Mal sans aucun doute. Je me sentirais déprimée de ne plus travailler et en plus d'avoir perdu le fruit de mon travail à l'école. J'avais fait le maximum pour décrocher mon diplome alors ce serait comme m'enlever une part de moi même si je devais liquider mon commerce. Ce serait une catastrophe.
En attendant, je parlais avec ma future cliente mais j'ai été interrompue par cette femme qui avait sans doute vu sa vie défiler devant ses yeux lorsque le pare-choc du véhicule s'était arrêté à quelques centimètres de ses jambes. Je lui avais demandé de patienter quelques instants parce que je devais satisfaire la demande de décoration de ma cliente. J'offrais une large gamme de services et ça faisait ma force face à l'éventuelle concurrence. J'avais bien analysé le marché que proposait la ville de Gold Coast avant de me lancer. Je ne voulais pas que ce soit peine perdue et quand j'ai vu qu'il n'y avait que trois magasins de décoration en tout, je me suis dit que j'avais une chance sur trois de réussir à m'insérer dans le marché. J'étais ma propre entreprise et je n'avais pas d'employée supplémentaire sauf l'hiver lorsque les demandes étaient plus nombreuses, je prenais une stagiaire comme je l'avais été dans cette école. C'était utile pour prendre les appels aux magasins pendant que je visite les lieux des clients.
Pendant ce temps, la jeune femme brune faisait le tour de mon petit magasin et semblait apprécier mon travail. Je conclus le marché avec la dame pour la semaine prochaine. Une poignée de main professionnelle et le tour était joué. Je me rendis derrière mon ordinateur portable pour y inscrire ce rendez-vous. Vive la technologie.
Je me rendis près de la jeune femme.

- Je suis à vous !

« Je suis désolée je .. je J'ai failli … je enfin je veux dire je .. Pardon. » bafouilla-t-elle. La jeune femme fit un pas en arrière pour se diriger vers la sortie et elle semblait mal à l'aise, comme si je... lui faisais peur ? C'était possible ça ? Enfin du moins quand je ne possède pas d'arme? Mais bon, faut pas oublier qu'elle a subi un choc avant d'entrer dans cette boutique. Elle cherchait peut-être du réconfort où qu'on appelle quelqu'un... Allez savoir vous.

- Vous êtes sûr que ça va ? lui demandai-je en l'entendant bafouiller. Je peux vous aider ?

J'essayais d'être la plus rassurante possible mais elle semblait vouloir fuir comme si elle s'était trompé d'endroit, de personne. Quant à moi, je ne la poussais pas vers la porte. Au contraire, elle ne semblait pas être venue ici par hasard.

« Désolée d'être intervenue ainsi. Je ne suis pas comme ça d'habitude mais … prenez moi pour une folle peut être mais … je crois que nous sommes cousines! » m'annonça-t-elle sur le tas.

J'eus un petit rire nerveux. Comment pouvait-elle prétendre une chose pareille. Je n'avais qu'une cousine que je connaisse et encore elle habitait aux Etats-Unis. Je n'avais vu que quelques photos d'elle quand j'étais gamine. Je la fixai du regard. Là, un truc clochait. Sa se trouve c'est un piège et elle veut profiter de moi où pire, voler ma caisse... Voilà que ma paranoïa reprenait le dessus sur mon naturel calme et gentil. Mais là, je ne comprenais plus.

- Quoi ? C'est impossible ! Je suis désolée mais vous devez faire erreur ... ajoutai-je en fronçant les sourcils par incompréhension.

Je la regardais suspicieuse. Tant de gens pouvaient se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas.. Je me méfiais particulièrement des personnes que je ne connaissais pas. Je ne pouvais rien dire d'autre que c'était une erreur. D'aprés moi s'en était une étant donné que je n'avais qu'une cousine Américaine. Jamais je ne l'ai vu, jamais je ne lui ai parlé et elle viendrait encore moins me rencontrer. A quoi ça servait à part perdre son temps ? Même moi je ne m'étais pas risqué à un voyage aux Etats-Unis pour ça... En même temps, la famille était la dernière chose qui comptait pour moi. Je parle de ma propre famille à part ma mère. C'est elle qui m'avait sortie de ce pétrin mais mon père, mes grands parents étaient la dernière chose qui me passaient par la tête. A quoi bon accorder de l'importance à ceux qui ne vous accordent que rarement une pensée ?
Pour appuyer ses dires, la jeune femme en face de moi fouilla dans son sac et sorti son porte feuille, sans doute à la quête d'une preuve.