Le mois de novembre de l'année 1986 fut rude en Ukraine, le froid emportait bien des hommes, pourtant la chaleur réchauffait le cœur de la famille Dorofeïev. Le 23 du mois, Marishka Dorofeïev, la femme de Nikolaï Dorofeïev, accoucha d'un petit garçon. Les deux parents, très amoureux, étaient comblés de bonheur. Marishka avait accouché à la maison, et était très fatiguée, alors Nikolaï prit son fils dans ses bras, et le berça - « Aleksandrev. Tu t'appelleras Aleksandrev mon fils. Roan de deuxième prénom, en l'honneur de ton grand-père, mort pour sa patrie, en résistance. »

Marishka était la plus belle des mamans pour le petit ukrainien. Ses cheveux ambrés, et ses yeux mordorés illuminaient la pièce à chacun de ses passages, figure maternelle angélique. Elle était douce et protectrice, elle portait un amour si intense pour son fils, qu'on aurait crû - à tord - que rien n'y personne ne pouvait lui enlever. Quand à Nikolaï, il était pour Alek le papa "super-héros" dont rêve chaque enfant. Il était souvent en voyage d'affaires ou en réunions, pourtant il trouvait toujours du temps pour son garçon. Il était comme un modèle pour son fils qui rêvait de devenir comme lui plus tard : un homme respecté et courageux, selon la vision d'Alek.

Nous étions un 31 décembre de l'année 1994, Aleksandrev était alors âgé de 8 ans. Ce jour là n'avait pas commencé si mal qu'il allait finir. Les Dorofeïev passèrent la journée en famille, entre rires et tendresse. Mais plus tard, dans la soirée, quand l'ombre de la nuit s'était abattue sur la ville de Mikolaïv, un drame vînt bouleverser la vie d'Alek. Il était 23h00 quand il entendit un coup de feu, assis dans son lit. Effrayé et tremblant il se leva et colla son oreille sur la paroi du mur : silence de mort. Soudain, sa mère débarqua, en furie, du sang sur les mains, apeurée - « Alek ! Caches-toi sous le lit, vite ! Mon chéri, je t'aime. Tu le sais ça, maman t'aime. Allez vite, dépêches toi de te cacher, et je t'en prie pas un mot. » - L'enfant se glissa alors sous le lit, et observa la scène terrorisé. Un homme entra en trombe, habillé de noir, de grosses bottes martelant le sol. Sa mère se retourna dans un sursaut, l'homme tira, sans pitié. Marishka s’écroula au sol, une balle en pleine poitrine. Son regard rivé sur son fils, elle chuchota dans un dernier soupir - « Vyzhyty. » - "Survis", en Ukrainien. Alek étouffa un cri, il appuyait de toutes ses forces sa paume sur ses lèvres, et des larmes inondaient son visage innocent. Il aurait voulu fermer les yeux, mais il ne pouvait pas détacher son regard de sa mère dont le sang se répandait sur le sol de sa chambre. L'homme en noir après vérification de la chambre, s'en alla. Alek attendit une bonne vingtaine de minutes avant d'oser sortir de sa planque - « Mamaaa. » - hurla-t-il. L'enfant prit sa mère dans ses bras, respira une dernière fois l'odeur de ses cheveux, et finalement partit en titubant. Il haletait, en descendit les escalier avec une peur bleue. Juste là, dans le salon, gisait son père, une balle dans la tête. Alek s'accroupit près de lui, lui déposa un baiser sur la joue, et se releva doucement. Dans son esprit de petit garçon, déjà, il se dit : il paierons pour ce qu'ils ont fait.

Après la mort de ses parents, Alek, courut dans la neige, il courut encore, toujours, sans s'arrêter, jusqu'à parvenir jusqu'à chez Ivan Udinov, un ami de la famille. Pendant un mois, il fut nourrit et hébergé, seulement Ivan n'avait pas assez de revenus pour nourrir une bouche de plus. Un jour, il l'emmena dans un bar miteux. Il dit au petit garçon, de sa cacher et qu'il viendrait le chercher. Alek observa la scène de son coin : autour d'une bouteille de vodka, Ivan et des hommes qui ne paraissaient pas clairs, parlaient assez sérieusement sembla-t-il. Les hommes donnèrent à Ivan assez d'argent pour nourrir Alek. Le gamin sourit, car la famille Udinov allait enfin pouvoir vivre un peu mieux, du moins pendant un temps. Mais quand Ivan l'appela ce fut pour le confier aux hommes qui n'inspiraient aucunement confiance au jeune Dorofeïev - « Aleksandrev, je veux que tu suives ces messieurs. Il prendront bien soin de toi. Comprends moi, bonhomme, j'ai déjà à peine de quoi nourrir ma propre fille. » - Alek ne dit pas un mot, et il suivit ces hommes sans broncher. Qu'est-ce qu'un gosse pouvait y faire ? Et puis Ivan Udinov avait bien dit qu'ils prendraient soin de lui ... pourtant le jeune ukrainien n'en pensa pas moins, il m'a vendu ce salaud, se dit-il.

Il s'avéra que les hommes à qui Udinov l'avait vendu, étaient des trafiquants russes. Ceux-ci l'emmenèrent loin de chez lui, quittant l'Ukraine pour la Russie. Les hommes le placèrent dans une caisse, avec d'autre enfants, le temps de la route. A l'arrivée, il était furieux, il s'était rendu compte à quel point il s'était fait avoir. Si sa mère et son père étaient encore là ... Quand ils furent tous arrivés en Russie, Alek descendit de sa caisse et courut vers les gardes - « Ramenez-moi chez moi ! Vous n'avez pas le droit ... enfoirés ! » - Alek frappait, de toutes ses forces sur le trafiquant qui l'attrapa par la mâchoire en grognant - « Fermes-là merdeux. » - Ce qu'il ne savait pas c'est que non loin, le patron de ces hommes l'observait avec attention. Cet homme était quelqu'un d'assez important chez la mafia russe, et c'est lui qui s'occupait du trafic d'enfants.

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Quelques années plus tard, le petit garçon était devenu un jeune homme de 16 ans. Huit ans après être arrivé en Russie, il travaillait pour la mafia russe, à Moscou. En réalité, l'ukrainien ne faisait pas partie à proprement parler de l'organisation, puisqu'il n'était ni russe, ni fils de. Seulement le jour de son arrivé, Alek avait "impressionné" Zetrov - le responsable du trafique d'enfants - et celui-ci lui avait proposé de bosser au compte de la mafia. Etant donné que pour eux proposer était quelque chose comme - « Tu bosses pour nous ou on t'égorges. » - Alek avait été contraint d'accepter. Au fil du temps, il s'y était senti comme à sa place finalement. La mafia l'avait entraîné au combat rapproché, à tirer avec des armes à feu, ils lui avaient enseigné des techniques de tortures, ainsi qu'à se servir d'armes blanches. Alek était leur joujou, ils l'envoyaient s'infiltrer là ou ils avaient besoin, régler certaines affaires, nettoyer leurs saletés pour qu'ils passent inaperçus ... Le jeune finit par oublier qui il était vraiment, par tuer et couvrir la mafia, par leur vouer sa vie entière, vie qui n'était plus qu'un mensonge, car aux yeux de l'état, il n'existait pas.

Cinq ans plus tard, quand Alek atteint ses 21 ans, et qu'il servait toujours autant la mafia, Alek fut envoyé sur une affaire de drogue à dealer. Il accepta sans sourciller, au contraire ce genre d'affaire était relativement tranquille. Seulement lui qui avait l'habitude de travailler seul, on envoya une autre mafieuse. Il broncha quelque peu, mais rien à y faire. Il espéra alors qu'elle fasse ce qu'il lui disait, car il n'aimait pas qu'on lui donne des ordres. Quand il se rendit sur le lieu de rendez-vous, il fit donc la rencontre de Peayne, une brunette à l'air sauvage. Il lui expliqua clairement qu'il ne se laisserait pas marcher sur les pieds, mais elle rétorqua qu'elle non plus, qu'elle n'avait aucun ordre à recevoir de personne. Pendant leur "mission" ils n'arrêtèrent pas de se prendre la tête, l'un avait toujours raison, l'autre n'avait jamais tord. Cependant, ils savaient être professionnels, et faisaient leur boulot. Un de leurs clients, dans les semaines qui suivirent, joua au malin, et pointa une arme sur la demoiselle - « Putain, allez filez-moi moi toute la cam ! Remplissez ce sac, laissez-moi partir, et je vous laisserez partir. » - Alek sourit - « Nous laisser partir, mec tu sais à qui tu as à faire ...? » - C'est alors que Peayne le désarma pendant que le jeune ukrainien lui parlait, celui-ci fonça sur le type pour lui décocher un coup dans les côtes - « Maintenant, sois tu nous payes ce que tu nous dois, sois on t’amènes au grand patron ... mais en morceaux, si tu vois ce que je veux dire. ».

Quelques semaines passèrent, et ils s'accordaient à travailler ensemble, ils faisaient si bien leur boulot que la mafia les fit travailler en duo. Les deux jeunes gens s'étaient même rapprochés, et inévitablement, un jour, après une dispute, Alek embrassa Peayne qui lui paraissait de plus en plus attirante au fil du temps. Celle-ci ne le rejeta pas, les deux se plaisaient mutuellement, et cela les conduit à coucher ensemble régulièrement - « Peayne ... » - souffla Alek, une soirée après lui avoir fait l'amour - « ... Sasha » - Alek la regarda un instant, puis l'embrassa fougueusement.

Par ailleurs, alors qu'Alek sortait en secret avec Sasha, il entendit une conversation entre Zetrov et le grand patron de la mafia - « Il fait du bon boulot le petit Dorofeïev ... » - « Da ... On a bien fait de l'épargner ... Quel gâchis si nous l'avions tué, il nous est bien utile ... Zetrov, si tu n'avais pas commandité cet assassinat, je ne sais pas si le petit Alek serait entre nos mains, tu sais tu mérites bien une petite récompense. » - Le mafieux donna une liasse de billet à Zetrov qui arborait un sourire satisfait. Alek se mit à trembler, serrant les poings il aurait voulu crier, hurler, entrer dans la pièce pour tuer ce salopard. Mais après réflexion, il se calma, car cela lui attirerait bien des ennuis. Il partit en courant rejoindre son amante. Devant Sasha, sa haine se transforma en larmes, il pleurait pour la première fois devant elle, il s'effondra dans ses bras, le cœur en morceau et ce sentiment de trahison parcourant son esprit. La jeune femme le consola, essayant de le rassurer, alors Alek parla à Sasha du drame qui lui avait volé sa vie, de tout ce qu'il avait vécu jusqu'ici, de ce qui était arrivé à ses parents, et enfin de ce qu'il venait d'apprendre : soit que l'homme qu'il considérait comme son sauveur, avait commandité l'assassinat de sa famille - « Ils paieront ce qu'ils me doivent. Les dettes ne restent jamais impayées. Je vais leur faire regretter leur geste. Ils sauront, ainsi, pourquoi il ne fallait pas s'attaquer à notre famille. Je veux la mort de Zetrov. » - confia Alek avec conviction. Sasha était avec lui, Sasha était toujours avec lui, elle comprenait et voulait l'aider à obtenir vengeance. Voilà pourquoi, tous deux, préparèrent minutieusement un plan pour ôter la vie au mafieux. Ils étaient motivés, ils étaient remontés et bientôt l'homme allait payer de son sang.

Jour fatal, entrepôt N°14600, 17h45.
Armés jusqu'aux dents, les amoureux avait donné rendez-vous dans un des entrepôt habituels, pour soit disant donné un rapport de leur travail à Zetrov. Celui-ci arriva tout sourire, comme si rien de ce qu'il avait fait au Dorofeïev n'avait eu lieu - « Alek, Peayne, je suis content de vous voir. Vous avez fait du bon boulot, comme toujours. » - Alek resta de marbre, contenant sa haine - « Moi aussi je suis content de te voir Zetrov, tu n’imagines même pas à quel point ... » - Alek dégaina son flingue, et tira une balle dans la cuisse de Zetrov qui tomba à terre. Le malheureux demanda pourquoi, après tout ce qu'il avait fait, pourquoi son protégé lui tirait dessus - « POURQUOI ? Pourquoi ! Réfléchis un peu Zetrov, que faisais-tu le 31 décembre 1994 ? Tu était assis dans ton canapé, à siroter une vodka, Irina la tête entre tes cuisses. Et pendant que monsieur prenait du bon temps, as-tu pensé une seconde à ce qui était en train de se passer en Ukraine, chez moi. » - l'accusé sourit - « Comment tu as su ..? » - « Il faut dire que tu es si discret ... » - Alek approcha Zetrov, et lui pointa son arme sur les tempes - « Dis-moi simplement, pourquoi ...? » - « Alek, écoutes ... ton père gênait nos affaires, et le patron m'avait promis une récompense pour le meurtre des Dorofeïev ... mais j'avoue que ça m'as fait mal au cœur, pour ta mère, sur les photos, elle avait l'air si bonne ... » - Alek ne supporta pas ces paroles, et donna un coup de genou dans la mâchoire du type. Peayne vînt se poster derrière Alek et posa sa main sur son épaule, comme soutient moral. Alek repointa son arme sur Zetrov et débloqua la sécurité - « Je suis Aleksandrev Dorofeïev, fils de Nikolaï et de Marishka Dorofeïev, et voici ta récompense ... » - l'ukrainien appuya sur la détente et tira trois coups dans la tête de Zetrov.

Par la suite, les deux jeunes gens savaient ce qu'ils avaient à faire, ils devaient fuir, la mafia pour le meurtre d'un de leur frères, les traqueraient sans relâche. Ils leur fallait partir loin, là ou ils ne les retrouveraient jamais. Seulement voilà, Alek avant tout voulait retourner en Ukraine, revoir une dernière fois sa maison, essayer d'imaginer la vie qu'il aurait pu avoir si ses parents étaient encore vivants. Sasha et lui arrivèrent donc un matin devant la bâtisse resplendissante de Dorofeïev, rien n'avait changé, mis à part que les volets étaient fermés et qu'un panneau à vendre pendait à la porte d'entrée. Personne ne semblait vouloir acheter là ou la famille été morte. Alek se demanda alors si la mafia avait maquillée le crime. Il ôta le prospectus de vente d'un geste violent, il ne voulait pas que cette maison appartienne à quelqu'un d'autre, c'était son chez-soi et ça le resterait toujours. Tenant la main de sa bien aimée, ils entrèrent - par effraction, quelle ironie - et Alek fit visiter à la belle russe ce coin de paradis, ou plutôt les ruines de son enfance. Ils montèrent dans sa chambre, et là il eut un haut-le-coeur. Trop de souvenirs remontaient à la surface. Alors il prit Sasha par la taille et lui déposa un doux baiser sur les lèvres. A ce moment là, effusion de sang. La jeune femme était dos à la fenêtre de sa chambre, et un tireur d'élite venait de lui transpercer l'épaule. Elle hurla de douleur. Alek eut à peine le temps de réagir, Sasha tomba à terre lorsque le tireur planta une seconde balle dans le coeur de l'amante de notre héros. Alek qui était un homme entraîné, non un petit garçon apeuré, ne se cacha pas sous le lit comme il l'avait fait cette nuit là, cette fois il affronta ses démons en face. Il tira trois coup vers l'assassin de Sasha, le troisième fut le bon. Enfin il s'accroupit et posa une main sur la joue de son amour, versant des larmes de haine, de tristesse, de regret, de culpabilité - « Non Sasha, mon amour, je t'en pries, pas toi ... Restes avec moi ma chérie, bats-toi, tiens le coup ... s'il-te-plaît ... tu ne peux pas me laisser ! » - La jeune femme le regarda avec tendresse et dit dans un dernier souffle - « Je t'aime ...bezhatʹ. » - "Fuis" en russe. Sasha, sa mère, ils savaient qu'elles étaient les deux seules femmes qu'il ait jamais aimé, devait-il fuir ? Quand il avait fuis sur ordre de sa mère, voilà ce qu'il lui était arrivé, la douleur. Mais il savait que s'il ne fuyait pas maintenant il signait son arrêt de mort. Il de voulait pas abandonner Sasha, il l'aimait tant. Pourtant il parti, la laissant mourir ici, et lui en lâche, tenter de survivre. Une fois dans un avion pour la première destination il regretta, il aurait voulu mourir avec elle, il aurait du se sacrifier pour elle. Ainsi, ils seraient morts, tous deux, leurs âmes entremêlées, ils seraient morts mains dans la mains, avec pour seule pensées qu'ils s'aimaient, et qu'ils seraient ensemble pour l'éternité. Sauf qu'il était trop tard, et qu'Alek était en partance pour un vol direction Gold Coast, Australie. Lui et elle voulait vivre une vie normale, tous les deux, mais désormais, Alek se promis que s'il retrouvait ceux qui avaient fait ça, ils les tuerait tous, sans exception.