À la manifestation | Logan & Liberty

Il y avait une manifestation devant le siège social de mon entreprise. Rien d’extraordinaire là-dedans, la question à se poser était plutôt contre quoi ou qui ils manifestaient cette fois-ci. Le mois dernier, c’était à cause de la mise à pied d’une douzaine d’employés locaux – des incompétents – qui, malheureusement, avaient plusieurs amis Facebook dévoués. Le mois d’avant, c’était les droits de l’homme, je crois… Ces pauvres gens ne comprennent rien au monde des affaires. Si je ne relocalise pas quelques-unes de mes usines dans des pays en développement, je ferai moins de profit et je devrai renvoyer des gens… Et alors, j’aurai les employés mis à pied sur le dos. Dur la vie de capitaliste ! Il y avait donc une énième manifestation devant l’immeuble et, à voir la tête de mon secrétaire, c’était d’une plus grande ampleur que la précédente.

« Ils sont plusieurs centaines, je crois, monsieur. Nous avons déjà dépêché les policiers, ils ont fracassé une fenêtre. »

Je poussai un soupir, regardant par la fenêtre les petites silhouettes mouvantes, pancartes à la main.

« — Qui est-ce, cette fois ?
— Il s’agit de Greenpeace, monsieur. »

Je ne pus m’empêcher de grimacer. C’était les pires, ceux-là. Pas qu’ils brisent quoi que ce soit – je me doutais maintenant que la fenêtre devait être un accident – seulement, ils étaient connus et aimés de la population. Ils avaient fait beaucoup de dégâts à l’image d’une grande firme de Chicago, récemment, et si, sur le coup, j’avais trouvé la chose amusante, j’appréciais moins une fois devenu moi-même la cible.

« — Leur chef, enfin, je veux dire, leur président est sur place, apparemment.
— Vraiment ? Je descends alors. »

Sourd aux protestations de mon secrétaire, je me dirigeai d’un pas résolu vers l’ascenseur. Je trouverais bien un moyen de convaincre ce monsieur que j’étais un PDG charmant, très conscient des questions environnementales. Ce ne serait pas la première fois que j’aurais à me prononcer sur le sujet, après tout. Retirant ma veste en plein milieu du couloir, j’arrachai ma cravate – les environnementalistes n’aimaient pas les cravates – et, faisant signe aux gardes du corps présents de ne pas me suivre, ouvrai la porte de secours, me mêlant discrètement à la foule.

Rapidement, je me rendis compte que j’avais eu une drôle d’idée… Chercher le président de Greenpeace dans une foule. Je m’attendais à quoi ? À un halo de lumière au-dessus de sa tête ? À un homme en costume cravate sur un piédestal ? Si le président était réellement présent, il devait être habillé comme tous ces hippies autour de moi, et sentir aussi mauvais que les pires d’entre eux. J’allais partir lorsque je remarquai une demoiselle qui sortait du lot. Elle avait quelque chose de particulier, une détermination dans le regard… Enfin, elle était surtout très sexy, même avec cette drôle de pancarte… Il y avait une caricature d’un homme hideux dessus, avec des cornes rouges et un sourire exagéré… Je réalisai alors que j’étais l’inspiration de l’horreur en question.

Un peu insulté, mais trop curieux pour rebrousser chemin tout de suite, je décidai de surprendre la militante. Agrippant sa main avec autant de douceur que possible – sachant que j’étais bousculé de part et d'autre par des gens gueulant des slogans ridicules – je lui demandai, criant par-dessus le bruit pour me faire entendre :

« Apparemment, le président de Greenpeace serait ici, vous avez une idée d’où il est ? »

Le tout avec mon sourire le plus charmant… J’avais hâte de voir sa tête lorsqu’elle reconnaîtrait en mon agréable personne le monstre dessiné sur sa pancarte.

À la manifestation | Logan & Liberty 29nt1c6

À la manifestation | Logan & Liberty Jessicastamicon011

À la manifestation, épisode 01
Ft. Logan & Liberty

15h. Aujourd’hui c’était une journée qui me tenait à cœur. Cela faisait tellement longtemps que je me battais pour arriver à faire quelque chose. Des années et j’étais dévouée à ma cause et mon organisme prenait de plus en plus d’ampleur. Ca me faisait toujours plaisir de voir mes bénévoles de dévouer corps et âmes avec moi. Ils voyaient bien que j’étais impliquée de tous mon âme et c’est surement pour cette raison qu’il était aussi motivé que moi. Nous avions rendez-vous à trois à trois heures et demie devant un grand bâtiment pour manifester. Nous allions être plus d’une centaine à manifester contre le comportement de cette firme qui s’étendait et polluait la planète. Nous demandions de la conscience de sa part, mais il n’avait clairement pas le temps d’entendre nos propos. Je n’allais donc pas lui donner le choix. J’étais comme ça. Passionné, déterminée et fonceuse. J’avais enfilé un jeans et un simple chandail blanc sans manche serré à ma poitrine et lâche sur le reste des formes de mon corps. Mes longs cheveux blonds tombaient en cascade le long de mon dos. Quelques bijoux en bois, des souliers plats, très peu de maquillage. Je me rendais devant ce bâtiment. J’étais souvent sur place quand j’avais le temps de le faire, j’aimais m’impliquer, j’aimais être dans le moment présent et j’avais pris soins avec mes membres de dessiner des pancartes. Sensibiliser les gens. C’est ce que nous voulions. Peu importe ce que les gens pouvaient bien penser de moi, j’allais me battre sans relâche pour ma cause, même si je devais m’épuiser.

Nous arrivions donc devant l’énorme bâtiment qu’était celui d’un grand PDG riche qui mettait son argent dans le luxe et non dans les causes humanitaires. Ça me fâchait. Je n’avais pas d’argent et je la mettais dans ces causes. Les gens riches ne faisaient que garder égoïstement leur argent pour je ne sais quels caprices stupides. Je généralisais, mais la plupart du temps c’était ainsi. J’étais donc au milieu de la foule ma pancarte à la main, je criais motivant mes troupes et leur donnant des encouragements. Ceux qui se trouvaient parmi nous étaient des gens dans la moyenne, il n’y avait personne de riche ici. Il faut croire qu’ils n’ont pas le temps pour ce genre d’ânerie. Il y avait des policiers et aussi des caméras, tant mieux c’est exactement ce que je voulais. De la publicité. C’est ce qu’il me fallait. Pour toucher les gens, je devais me faire connaître et c’est exactement ce que je faisais en venant ici. Crier haut et fort. La planète allait nous exploser entre les mains, nous devions faire quelque chose et je ne comptais pas rester assise à na rien faire. Tant de gens se disent, je ne suis qu’une personne alors mon implication ne changera rien. Au contraire, si toutes ces personnes se trouaient parmi nous, nous serions bien plus.

Je courais un peu dans tous les sens, sautant, criant agitant ma pancarte avec un étrange démon dessiné dessus. C’est ce qu’il était. Démon, nuisance pour la planète, comme tellement de gens. J’allais continuer mon avancé, j’allais parler à des collègues leur disant que nous efforts ne serait pas vain, mais ma main se faisait attraper au passage. Je me tournais pour regarder la personne qui venait de me retenir dans mon envolée. Quelle ne fut pas ma surprise quand je me rendais compte que l’homme devant moi était celui sur ma pancarte, à quelque exception près. Un sourire amusé se posait sur mes lèvres. Le président? Ça me faisait rire. Pourquoi les gens pensaient que c’était des hommes à la tête de grande chose? Ce n’était pas le cas. C’était moi et je n’allais pas lui faire savoir tout de suite. Je l’observais avant de placer ma pancarte juste à côté de son visage pour faire une comparaison.

« -Je trouve que le portrait est ressemblant. Vous ne trouvez pas? Surtout les cornes ici! C’est parfait.»

Je laissais mes iris pâles se poser dans les siens alors que je posais le manche de ma pancarte pour le retirer d’à côté de son visage. Je ne savais pas ce qu’il me voulait, mais j’avais l’impression que j’allais surement bientôt le savoir.

« -Pourquoi vous voulez lui parler? Vous avez changé d’idée maintenant qu’on se trouve devant vos bureaux c’est ça? C’est toujours ça qu’ils disent. Au dernier moment, ils changent d’avis, comme si maintenant ils avaient quelques remords. Je doute que notre président, comme vous dites, soit prédisposé à vous parler et je ne pense pas que nous allons partir de si tôt non plus. De toute façon, chercher parmi tout ce monde, je pense que ça va vous prendre un temps fou. Vaut mieux abandonner non?»

Je m’étais approchée un peu de lui pour lui parler parce que le son était tellement fort autour de nous que c’était impossible de placer la moindre parole cohérente. C’était quand même drôle qu’il soit à ma recherchée et soit directement tombé sur moi. Signe du destin? J’étais du genre à penser que rien n’arrivait pour rien dans la vie et c’est pour cette raison que j’étais encore devant lui en ce moment, sinon je serais partie depuis bien longtemps.

À son sourire amusé, je devinais qu’elle m’avait reconnu. Elle ne semblait pas du tout gênée de son œuvre d’art, et c’est avec le même sourire qu’elle l’a approchée de mon visage, comme pour comparer la copie à l’original. Louchant vers la gauche pour voir le dessin, je me mis à rire malgré moi. C’est que la pancarte, affreusement laide, avait tout de même saisi les traits les plus marquants de mon visage. Ç’en était presque effrayant. Si elle l’avait dessinée elle-même, elle avait beaucoup de talent. J’allais le lui dire, dans une nouvelle tentative de la déstabiliser – j’aimais être celui qui décide de la tournure d’une conversation – mais elle parla la première, me coupant dans mon élan.

« Je trouve que le portrait est ressemblant. Vous ne trouvez pas ? Surtout les cornes ici ! C’est parfait. »

Un peu déstabilisé, je recouvrai tout de même mon sourire. Je regardai vers elle, amusé. Apparemment, elle n’était pas du tout gênée de se retrouver face à l’inspiration de son œuvre. Je haussai les sourcils, peut-être n’était-elle pas qu’une jolie fille aux drôles d’idéaux qui avait beaucoup de temps à perdre. Elle planta ses deux iris pâles dans les miens. Il n’y avait pas que du simple amusement dans ses yeux. J’avais l’impression d’y lire une défiance. Cette fille se considérait comme mon égale, voire supérieure à moi, et cette simple constatation me déstabilisa à nouveau, m’empêchant de lancer une de mes répliques brillantes qui, habituellement, constituaient ma marque de commerce. J’en perdis même mon sourire, me contentant d’un froncement de sourcil. Ne l’avais-je pas déjà aperçue quelque part ? Elle me disait quelque chose. Je n’avais jamais eu la mémoire des visages, à un point tel qu’avant d’aller dans des évènements mondains je prenais toujours la peine d’étudier la liste des invités avec photos.

« Pourquoi vous voulez lui parler ? Vous avez changé d’idée maintenant qu’on se trouve devant vos bureaux c’est ça ? C’est toujours ça qu’ils disent. Au dernier moment, ils changent d’avis, comme si maintenant ils avaient quelques remords. Je doute que notre président, comme vous dites, soit prédisposé à vous parler et je ne pense pas que nous allons partir de sitôt non plus. De toute façon, chercher parmi tout ce monde, je pense que ça va vous prendre un temps fou. Vaut mieux abandonner non ? »

Elle s’était rapprochée pour ne pas avoir à crier, ses yeux toujours ancrés au miens. Je réalisai alors avec étonnement que, pendant toute la durée de notre échange, je ne lui avais jamais lâché la main. Elle non plus ne l’avait pas fait d’ailleurs. Probablement qu’elle n’en avait pas plus conscience que moi. Je me demandai de quoi on avait l’air, comme ça, main dans la main, face à face à crier pour se faire entendre au milieu d’une foule de manifestants. Amusé par la situation, je jetai un coup d’œil en direction de nos mains jointes, et entremêlai mes doigts aux siens, dans l’espoir de la déstabiliser à mon tour. Je n’étais pas n’importe qui après tout. J’étais Logan Ashcroft, et il était hors de question que je perde tous mes moyens face à une étudiante un peu remontée en train de manifester contre mon entreprise.

« Pour lui exposer mon point de vue sur les choses, j’affirmai, caressant sa main avec mon pouce, les yeux brillants d’amusement. Je change rarement d’idée, et il ne m’arrive que très rarement d’avoir des remords, désolé de vous décevoir. Seulement, je suis prêt à justifier mes actions devant votre président, si ça l’intéresse. »

Je détachai ma main de la sienne avant qu’elle ne le fasse elle-même, prenant l’initiative, et ce, malgré le fait que je n’avais pas du tout envie de le faire. Comme pour compenser, je fis encore un pas vers elle, l’obligeant à lever la tête pour me regarder dans les yeux. Je repris mon sérieux et, sans détourner le regard, ajoutai :

« Il était plutôt stupide d’imaginer trouver une personne parmi tout ce monde, c’est vrai. Je crois que j’avais surtout envie de sortir du bureau, j’ai toujours aimé les manifestations… Quoique j’aie une préférence pour celles qui ne se situent pas devant le siège social de mon entreprise. »

Jetant un bref coup d’œil à la foule autour de nous, je m’autorisai un énième sourire. Je me demandais comment mon interlocutrice allait réagir à mes manières un peu cavalières. J’avais toujours eu un penchant pour les filles qui ne m’aimaient pas.

« Mais bon, je suis tombé sur vous, ce n’est pas plus mal. »

La cerise sur le gâteau. Il y avait maintenant deux possibilités. Soit elle prenait mes remarques à la blague, soit elle se mettait en colère. Dans les deux cas, je maîtrisais la situation, et ce serait particulièrement amusant. Décidément, sortir dans cette manif était la meilleure idée que j’avais eue depuis longtemps.

À la manifestation, épisode 02
Ft. Logan & Liberty

C’était étrange qu’il soit tombé sur moi alors qu’il y avait tellement peu de chance que cela arrive. Après tout, nous étions quand même une centaine à crier devant les locaux et je m’amusais de le voir apparaître devant moi. Je ne pouvais certes rêver mieux, surtout qu’il ne semblait pas me reconnaitre. Je ne pouvais nier qu’il était bel homme, bien plus que ce qu’il y avait sur nos affiches, mais ce n’est pas son sourire charmeur qui allait changer quoique ce soit à la situation. Il était rare que je me laissais déstabiliser, avec les années j’en avais vu de toutes les couleurs et j’aimais être celle qui prenait la parole. Je ne faisais pas mon métier pour rien, je n’étais pas à la tête de cet organisme pour rien. Il m’avait tendu une main, que je prenais pour ensuite faire un pas vers lui. Je n’allais pas me laisser impressionnée par un patron sexy d’une PDG. De toute façon, la séduction ce n’était pas pour moi, j’étais plutôt du genre à jeter les avances des hommes par manque de temps et aussi d’intérêt. Ils étaient un peu tous les même pour moi, à quelques exceptions près. Je me mettais donc à parler, me laissant un peu trop emporter dans mes propos et j’en oubliais même de lui relâcher la main ce qu’il me fit rapidement remarquer en entrelaçant ses doigts au mieux. On peut dire que lui aussi avait du cran et cela devait particulièrement marcher avec les demoiselles. Je baissais mon regard sur nos mains avant de remonter mon regard vers lui, un sourire moqueur aux lèvres.

« -Et séduire les manifestantes pour avoir de l’information vous pensez que c’est une bonne technique? En tout cas, ca ne marchera pas avec moi, je suis certaine que plein de jeunes femmes ici auraient bien envie de se trouver à ma place. » Je marquais une pause alors que le bruit s’amplifiait autour de nous. Mes compatriotes me regardaient avec un sourire amusé. « -Si ce n’est que pour exposer votre point de vue, je pense qu’il n’en aura rien à faire. Surtout que ce qu’il veut c’est, faire bouger les choses. Il est très acharné, vous savez.»

Je le laissais faire un pas vers moi, c’est certain qu’il me dépassait d’une tête et je penchais la tête pour laisser mon regard porter dans le sien. Un regard de défi, je lui montrais que je n’allais pas me laisser amadouer aussi facilement. C’était le cas, je ne suis pas le genre de femme qu’on amadoue avec de bonnes manières. Un sourire amusé était posé sur mes lèvres, j’aimais que les gens ne me reconnaissent pas. Je n’étais pas du genre à me vanter de qui j’étais justement pour que les gens soient surpris par ce que j’étais.

« -Eh bien c’est dommage pour vous, je pense, qu’elle ne va pas se terminer de si tôt. » J’éclatais de rire alors que j’entendais son autre réplique. Les hommes étaient tellement charmeurs et ça me faisait bien rire. « -Je devrais rougir? Enfin. Je ne pense pas que nous allons nous revoir après cette manifestation alors j’espère que le moment vous a plu. » Je marquais une pause avant de continuer. « -Si vous avez envie de rester autant manifester non?»

Un sourire moqueur se posait sur mes lèvres alors que je lui plaçais directement la pancarte entre les mains. C’était marrant ça. J’avais toujours de drôles d’idée et beaucoup de répond. J’affichais un sourire au jeune homme alors que deux jeunes femmes venaient me voir en courant, surement pour m’informer de quelque chose et ce n’était pas le moment, mais peu importe. Je le quittais pour la première fois du regard pour le poser sur les deux femmes qui venaient vers moi, elle s’arrêtait devant moi et je les interrogeais du regard.

« -Lib’, il y a encore plus de policier et il tente de nous repousser. Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse?» Ma couverture venait de tomber à l’eau, on ne venait pas demander quelle était la suite des plans à une manifestante sans intérêt. « -Eh bien, je vous l’ai déjà dit les filles. C’est certain qu’il va ya voir des policiers et si nous ne brisons rien, ils ne vont pas ne repousser et ils ne vont pas non plus nous faire du mal parce que ça risque de faire un scandale. » Je les poussais doucement. « -Allez retourner là-bas je suis occupé avec monsieur le PDG, on en a encore pour un moment et surtout, souriez à la caméra. C’est la publicité dont on a besoin.»

Les jeunes femmes lui jetaient des regarde séduits, le mien était tout autres. Je me doutais qu’il venait d’entendre ce que je venais de dire et je sentais qu’il était encore derrière moi. C’est pour cette raison que je me retournais pour poser mon regard dans le sien. Un sourire amusé prenait place sur ces lèvres.

« -Vous cherchez le président et bien il est devant vos yeux cher Logan. » Je connaissais son nom, je faisais toujours des recherches avant d’agir. « -Je suis Liberty Blue Stanford. Fondatrice de Greenpeace.» Il avait encore la pancarte entre les mains. « -Vous feriez un très bon manifestant j’en suis certaine.» Sarcasme dans ma voix, j’avais fait un pas pour réduire à nouveau cette distance entre nous, c’en était presque indécent, mais je m’en fichais.