Je ne me suis jamais considéré comme un salaud. Ce sont les autres... Non pas les autres qui sont des enfoirés -enfin on se comprend- mais ce sont eux qui me plantent l'affiche "connard fini" entre les omoplates. Pour tous dire, je m'en fiche comme de mon premier lange... Qu'est-ce que ça peut bien me faire ce que pense le monde extérieur ? Jusqu'à mes 5 ans, je n'avais rien à voir avec tout ça. Tout ce qui comptait, c'était moi et ma vision des choses. Finalement, je n'ai pas tellement changé... Ou alors le changement fut de courte durée. Approximativement le laps de temps entre la naissance de ma petite soeur et la disparition de son petit frère... Vous m'suivez ? Non ? En gros, ce que je veux dire c'est que tout ce que je fais, ce n'est en aucun cas dirigé contre la personne... Je crois que je ne réalise pas vraiment les limites entre le bien et le mal... D'ailleurs y en a-t-il vraiment ?

Mais qu'est-ce que tu fiches encore ici ? Euh... Cassandra ? Je laissais tomber ma barre de céréales qui s'écrasa lamentablement sur le carrelage humide de ma salle de bain -rapidement nettoyé par mon chiot-. MA salle de bain ! Les choses n'étaient pas du tout sensée se passer comme ça ! Je les ramenais à la maison, nous partagions un moment en adulte consentant, à la rigueur, elles piquaient un roupillon tranquille et quand je revenais de la boite aux lettres, mon petit dej' à moitié englouti, elles avaient disparu... Du moins, c'était le schéma habituel... La jeune femme me sourit et répondit de sa voix cristalline, tout en laissant légèrement descendre sa serviette de bain. Je me disais que tu serais partant pour un ... cinquième round. Et c'est Rebecca ! Ses mots mirent un court instant à monter jusqu'à mon cerveau encore sous le choc de la découverte. Ah mais non ! Non ça va pas du tout, et tu vas déguerpir de chez moi ! On avait un accord... Tu croyais quand même pas qu'on allait passer la journée au plumard ? J'ai des choses à faire moi ! Elle me regarda avec défi et laissa tomber totalement MA serviette. Ok. Elle avait la tactique idéale. Je ne pus m'empêcher de suivre les contour de sa silhouette. Ses cheveux ébènes retombaient en cascade sur ses épaules et j'aperçus dans son cou un suçon, sans doute de moi... Même si je ne me rappelais pas en être à l'origine. L'espace d'une seconde, je faillis céder, puis une petite voix me rappela que ce serait ma mort.

Attention ! Je ne dis pas que ça ne me plairait pas de revoir plusieurs fois la même demoiselle, mais suivez le raisonnement : d'un coup d'une nuit, ça passe à un casse-croute, puisqu'il faut bien s'alimenter sur la journée. Puis de là, on en arrive au "tu me rappelles?" et sans qu'on ait pu comprendre ce qui se passe on devient sex friends puis amant et tout ça fini par un mariage, des gosses et une barrière blanche devant la maison de banlieue... Et vous pouvez me croire : la famille, c'est pire que le cimetière... Du moins quand l'un des membres décide de foutre le camp en laissant le chantier derrière lui. Bref... Tout ça c'est personnel ! J'attrapais la jeune femme par le coude et elle gloussa, se méprenant totalement sur mes intentions. Rhabille-toi ! Comment tu vas faire pour m'obliger ? Elle sourit. C'était pas possible une sangsue pareille ! J'attrapais ses vêtements et lui jetais au visage. Tu veux pas savoir crois-moi Elle haussa les épaules et me toisa avec une moue à la "je t'attends". Sans vraiment réfléchir, j'attrapais les fringues et leur propriétaire, ouvrais la porte et balançais le tout dehors. Enfin, je vis une étincelle de doute dans les yeux verts de ma conquète... Ex-conquète. T'es vraiment qu'un con, Eachann ! Je sais Becks ! Adieu !

J'allais rentrer, heureux d'avoir régler le problème vite et bien. C'était sans compter sur la plus grosse plaie de mon existence après les MST : Rachel. Je la vis foncer sur moi en jetant une offre d'accueil à mon exhibitionniste. C'était une manie chez elle de recueillir les pauvres petites choses égarées ou quoi ? Elle se planta devant moi et me cria dessus les poings légèrement serrés. Oh ça va hein Stoecker ! Mêle-toi de tes affaires ! ça me f'ras des vacances ! Si c'est parce que t'es jalouse, on prend rendez-vous demain soir. Minuit ça te va ? J'avais toujours bien aimé la meilleure amie de Bela, jusqu'à ce que je réalise que c'était une véritable emmerdeuse. Comme quoi le voisinage ne profite pas à toutes les relations...

Je ne supportais pas de voir qu'une fille était devenue l'objet d'un homme, le jouet qu'il pouvait manipuler aussi aisément qu'un pantin. Les femmes ne se rendaient pas compte non plus de ce qu'elles faisaient en couchant à droite et à gauche avec des inconnus. En plus de chopper une mst, elles pouvaient se faire agresser physiquement, ce qui pouvait arriver de pire selon moi c'était le rapport forcé. Je ne voudrais jamais revivre ça ni qu'aucune autre femme n'en subisse les frais. La seule chose c'était qu'elles se méfient des hommes comme j'ai appris à le faire sauf que chez moi, c'est devenu naturel et je les repousse à la première occasion. C'est vrai qu'il était difficile de ne pas avoir de relation stable, avoir quelqu'un qui vous aime et qui ne vous fera jamais de mal. C'est bien ce que mon père avait prétendu en obtenant ma garde il y a longtemps de ça, et voyez comme cela a fini. C'est pourquoi je défendrais la cause féminine et clamer haut et fort que nous ne sommes pas là uniquement pour les besoins des hommes même si ces deux êtres sembles complémentaires et fait pour s'emboîter.
Pas besoin d'études scientifiques pour démontrer que les hommes ne sont plus à même de contrôler leurs pulsion lorsqu'il s'agit de sexe. Ils pensent environ toutes les trente secondes à ça. L'Homme est vraiment un obsédé de nature et qui serait capable de faire du mal rien que pour assouvir ses fantasmes et ses désirs, ses pulsions.
Interpelée par la jeune femme qu'Eachann venait de mettre dehors, j'avais décidée de venir à son secours car rien n'était plus humiliant que de se retrouver nue devant tout un quartier. Je l'avais donc invitée à se rhabiller chez moi même si je ne la connaissais pas mais elle était une victime tout de même.
Pendant ce temps là, je courus vers mon voisin, poings serrés. Ce qu'il me disait était simplement répugnant. Comment pouvait-il avoir de telles pensées à mon égard.
- Je me mêle de tes affaires si je veux parce que tu n'as pas à balancer des nanas dans la rue comme ça! Tu sais ce que t'es ? un pauvre enfoiré, un obsédé ! S'il n'y a que ça qui t'intéresse, va voir ailleurs si j'y suis !
Il osait me dire que j'étais jalouse. Non mais quel culot celui-là ! Je ne sais pas comment il fait pour être le frère d'Izzie. C'est son total opposé.
- Izzie ne mérite même pas un type comme toi dans sa famille ! Tu es répugnant et chez toi ce n'est qu'un incessant ballet de femmes qui entrent et qui sortent et jamais les mêmes ! Tu devrais avoir honte, Eachann !
Je crachais à ses pieds pour appuyer mes propos. Désormais, la guerre était déclarée entre lui et moi et nos relations de voisinage allaient fortement s'aggraver.
- Ne joue pas à ce jeu-là avec moi parce que tu risques de perdre! lançai-je en levant le doigt pour le mettre en garde et en m'approchant de lui. Tes avances, tu te les mets où je pense ! Compris ?!
Je n'avais pas peur de lui faire face. J'avais tellement les hommes en horreur que j'étais capable de n'importe quoi pour leur faire subir l'enfer qu'était devenue ma vie.

Je vais trop loin. Je le sais. Que voulez-vous, je suis un mec intense... Ou du moins, je veux m'en donner l'air. Non. Je crois que je suis un type complexe et entier... C’est pour ça que j'ai du mal à me lier aux gens. Qu'ils soient du sexe faible ou pas. Ok ok ! Qu'ils soient XX ou XY ! Ce que vous êtes susceptibles vous les femmes ! En parlant de ça... et de réactions excessives... Un exemple : ELLE ! La folie furieuse qui s’excitait devant moi. C'était vraiment pas croyable une fille comme ça. Et dire que je supportait cette boule de nerf depuis l'enfance... J'avais une seule envie, lui refermer la porte au nez, mais j'en avais vraiment marre d'elle ! Pourquoi se permettait-elle de juger ? Elle n'était pas là quand Rebecca s'était incrustée chez moi de force. Elle connaissait ma façon de voir les choses, elle avait juste voulu parier qu’elle pourrait me changer. Mais rien ne peut transformer quelqu'un ! Les choses changent, les évènements influencent... Mais au fond, l'humain reste ce qu'il est... Il demeure un salopard fini au plus profond de ses tripes noirâtres. Je savais que Rachel serait totalement d'accord. Elle en avait bavé. Je ne savais pas exactement toutes les lignes de son histoire mais les larmes l'avaient accompagnée bien des nuits. Je le savais. C'était une impression. Non plus que ça... On le voyait dans le regard rageur qu'elle fixait sur moi à cet instant. Elle détestait elle aussi l'homme que j'étais... Je pouvais pas lui en vouloir, c'était devenu une habitude de passer pour le salop de service... D'ailleurs ça ne me posait aucun problème.

Comme toujours quand elle se mettait en colère contre moi, les paroles coulaient à flot. Je ne pouvais m'empêcher de sourire quand elle me passait un savon pareil. C'était vraiment pas croyable... Pour qui se prenait-elle ? Une sainte ? D'accord j'étais un sale type mais de là à me traiter d'obsédé... Non, il y a des limites quand même ! Et puis, cette façon qu’elle avait de s'attaquer à mon lien -ténu- avec Izzie, avec ma Bela, m'a complètement halluciné. J'aurais répondu bien avant qu'elle ne crache son venin à mes pieds si je n'avais pas été sous le choc des pires mots qu'elle aurait pu prononcer. Le pire, c'était qu’elle osait me menacer. Ne va pas trop loin Rachel Stoecker ! Le simple fait qu'elle aie prononcé le nom de ma soeur me restait en travers de la gorge. j'avais de réelles envies de meurtre. J'en reviens pas que tu aies le culot de me juger ! Cette fille est presque une prostituée tellement c'est facile de l'avoir dans son lit et vu sa libido, elle est capable de te proposer un plan à trois dés que tu rentreras chez toi ! ça c'était le petit un. Je faisais un pas pour lui ébouriffer les cheveux. Ensuite, ta petite crise de colère, là, ça t'empêche pas de rester polie et de pas t'emballer au sujet d'une vanne stupide peut-être mais une vanne quand même ! Je pointais un index sur son épaule et grondais, le regard empli de rage. Dernière chose : je t'interdis de porter un jugement sur ma famille. Je te l'interdis ! Tu sais, je peux tuer de six façons différentes à mains nues... Penses-y la prochaine fois. Je savais que la confrontation n'était pas finie mais je savais aussi qu’elle savait que j'étais sérieux sur le dernier point. J'étais blessé. Elle voulait m'enfoncer mais ce sujet était bien trop sensible pour qu'elle s'acharne. En plus, Rachel savait que Isobel lui en voudrait d'avoir parlé ainsi.

Je suis une femme qui a du caractère. Tout ce qui ne nous tue pas nous renforce, pas vrai? J'en ai bavé dans mon enfance et maintenant, je suis bien décidée de prendre ma vie en main et de ne pas me laisser aller en m'apitoyant continuellement sur mon sort. J'avais forgé un caractère bien trempé après cette expérience traumatisante. La haine m'a aidé à m'affirmer davantage alors qu'avant, je me serais laissée faire.
Il y avait eu la période de dépression, la colère, la tristesse, la honte, la peur qui s'étaient mêlée pendant toutes ces années que maintenant, j'étais capable de tout et n'importe quoi. Je n'ai jamais accepté ce qu'il s'était passé alors, les hommes étaient devenus ma cible principale. Je me défoulais sur eux comme je ne pouvais pas le faire sur mon père qui était en prison. J'en voulais au genre masculin et je n'arrivais pas à me lier facilement même quand il n'y avait aucune mauvaise intention derrière leurs paroles. Mais je voyais le mal partout, c'est comme ça et puis c'est tout.
Alors quand j'ai vu Eachann, mon voisin et frère de ma meilleure amie, jeter dehors cette fille à moitié nue, je n'ai pas hésité une seule seconde pour lui venir en aide. J'ignorais qu'il pouvait être aussi irrespectueux. Je n'habitais pas chez lui et je ne savais pas ce qu'il s'était passé mais c'était juste inadmissible.
Je l'ai insulté et rembarré et je me permettais de le juger. J'étais franche et ne passais jamais par quatre chemins. Tout ce que je disais je le pensais quitte à ce que ça ne plaise pas à Eachann.
"Ne va pas trop loin Rachel Stoecker !" me dit-il pour me mettre en garde".J'en reviens pas que tu aies le culot de me juger ! Cette fille est presque une prostituée tellement c'est facile de l'avoir dans son lit et vu sa libido, elle est capable de te proposer un plan à trois dés que tu rentreras chez toi ! ça c'était le petit un. Il m'ébouriffa les cheveux " Ne me touche pas !" crachai-je en colère."Qu'elle soit prostituée ou non, j'en ai rien à foutre ! Tu l'as accepté dans ton lit et c'est pas une raison pour la jeter dehors ! Les femmes ne sont pas de vulgaires jouets et tu sais qu'elles aiment qu'on leur porte de l'attention, qu'un homme s'occupe d'elle comme il se doit, mais ça, tu ne dois pas connaître ! ça c'était le "petit un"! lançai-je en accompagnant mes dernières paroles avec des guillemets. Pour moi, Eachann était tout aussi coupable. Cette femme a choisi d'accepter à ses risques et périls et de donner son corps à un inconnu mais lui, il l'a aidé mais il aurait pu dire non. C'est là qu'on voit que les mecs ne réfléchissent pas du tout pareil que nous, les femmes. Ce n'était pas montrer du respect envers nous. Il me demanda de rester polie. Quel culot ! "Je serais polie quand tu montreras un peu plus de respect envers les femmes, Eachann !" Je pointai le doigt sur lui. J'avais envie d'exploser encore plus mais j'essayais de me contenir " raahh ! Tu m'énerves !"
Il pointa un index sur mon épaule, furieux. J'en avais strictement rien à faire. "Dernière chose : je t'interdis de porter un jugement sur ma famille. Je te l'interdis ! Tu sais, je peux tuer de six façons différentes à mains nues... Penses-y la prochaine fois. " Je ne portais pas un jugement sur sa famille mais sur lui. Il avait une soeur. " Tu as une soeur pauvre taré et quand tu traites les femmes ainsi, tu vises aussi ta soeur ! T'es qu'un salaud et je pense tout ce que je dis." dis-je en grimaçant, écoeurée par son comportement. Il me dit qu'il pourrait me tuer de plusieurs façons à main nue. " Parce qu'en plus tu me menaces?! Bah vas-y qu'est-ce qui t'en empêche ?! Bravo ! Ta soeur sera fière d'apprendre que tu n'es qu'un raté !" J'étais furieuse et complètement en rage contre Eachann. Il avait beau être le frère de ma meilleure amie, ça ne changerait rien.